[Kitetoa, les pizzaïolos du Ouèb

Egypte-Algérie : quand le foot révèle les tensions

Le 10 janvier 2010, le match d'ouverture de la Coupe d'Afrique des Nations (CAN) se tient à Luanda en Angola, donnant le coup d'envoi à une compétition qui va faire vibrer le continent pendant presque un mois. Et celle ci n'est que le prélude à la grande messe du football mondial qui se tiendra cette année pour la première fois sur le continent africain, en Afrique du sud.

Pour les Africains, accueillir le mondial est porteur d'espoir. Le continent, grand fan du ballon rond, sort enfin de son isolement médiatique et va avoir l'honneur de recevoir les grandes équipes mondiales « à la maison ». Il va permettre de démontrer au monde ses valeurs, son hospitalité et sa joie de vivre. Dans un quotidien trop souvent fait de pauvreté, de problèmes sociaux et politiques, il va permettre, pendant quelque temps, de partager une grande fête avec le concert des nations.

Se tenant à peine six mois avant le mondial, la « CAN » (Coupe d'Afrique des Nations) a valeur de test, de répétition générale. Le continent est-il prêt à recevoir une compétition internationale de cette envergure ? L'organisation tiendra elle ses promesses ? Alors que le monde suit avec attention le déroulement de la compétition, va s'y jouer un nouvel épisode d'une partie entamé entre deux acteurs depuis quelques mois. Épisode qui passera inaperçu, pour la plupart des observateurs occidentaux, mais qui démontrera une fois de plus que sport et politique marchent le plus souvent main dans la main.

12 janvier 2010

Dès le lendemain de mon arrivée le ton est donné. A chaque coin de rue, des vendeurs à la sauvette proposent drapeaux et chapeaux aux couleurs de leur pays. Chaque bar se prépare à l'évènement sortant les écrans géants dans les contre-allées du centre-ville du Caire. Au fur et à mesure que l'heure se rapproche, les rues se vident et les bars se remplissent : l'Égypte va jouer son premier match de la CAN.

Pour elle, cette coupe revêt une importance toute particulière. Victorieuse en 2008 et en 2006, elle a l'occasion cette année de réaliser sa troisième victoire consécutive et de rentrer définitivement dans l'histoire du football africain. Mais l'équipe nationale brule aussi de faire oublier la défaite cuisante contre l'Algérie lors des qualifications en coupe du monde. Elle veut prouver au monde que même si elle ne sera pas présente durant le mondial, elle a bien sa place parmi les grandes nations du football.

N'étant adepte de foot qu'à mes heures perdues, je ne suivrai les premiers matchs que par intermittence. Une mi-temps dans un café du Caire, une autre dans un café d'Alexandrie... L'Égypte survole les premières phases de la compétition sans grandes difficultés, remportant tous ses matchs de poule avec deux buts d'écarts. Elle se qualifie aisément pour les quarts de finales et, les choses commençant à être sérieuses, je me promets d'assister avec un peu plus d'assiduité aux prochaines rencontres. Le lundi 25 janvier, je suis au rendez-vous dans un bar du Caire. La lutte est rude, face au Cameroun qui marque le premier but. Mais la sélection égyptienne tient bon, garde le moral et commence à remonter au score. Les clameurs de joies remplacent peu à peu l'inquiétude des premiers instants, et lorsque le coup de sifflet final retentit, l'Égypte a gagné son ticket pour les demi-finales.

Alors que je m'enquiers de l'adversaire qu'ils affronteront, on me répond « L'Algérie... le match que tout le monde attend... ». Émerge alors de ma mémoire le souvenir d'une série d'articles que j'avais pu lire quelques mois auparavant. Articles consacrés aux qualifications de la coupe du monde et faisant intervenir nos deux futurs demi-finalistes...

Quelques mois auparavant...

Narrer les évènements qui ont émaillées l'affrontement de l'Algérie et l'Égypte lors des qualifications pour le mondial n'est pas un exercice journalistique classique. Car si des faits se sont réellement déroulés, ceux-ci seraient, somme toute, assez banaux s'ils n'avaient pas été accompagnés de rumeurs, alimentées par les médias, amplifiées par internet jusqu'à conduire à une véritable guerre psycho-médiatique entre ces deux pays.

L'histoire commence à Blida le 07 juin 2009, avec la victoire de l'Algérie sur l'Égypte 3 à 1. Il faut savoir que si l'Égypte domine le football africain depuis plusieurs années, elle a rarement pu accéder à la coupe du monde (seulement en 1990). Et l'Algérie est sa bête noire. La malédiction semblait, encore une fois, se reproduire. Décidés à la conjurer, les Pharaons (l'équipe d'Égypte) se promettent d'être prêts pour le match retour qui se tiendra au Caire. Ils devront y marquer au moins deux buts. Déjà la pression monte...

Lorsque les Fennecs (l'équipe d'Algérie) débarque au Caire le 13 novembre pour jouer le match retour, le bus les conduisant à leur hôtel est caillassé par un groupe de jeunes égyptiens. « Aucuns blessés » suivant les sources égyptiennes. Le ministre des sports algérien indique alors à la radio que trois blessés sont à déplorer et demande à la FIFA de s'emparer du dossier. Le président Bouteflika appelle son homologue Égyptien et lui demande de garantir la sécurité de la délégation algérienne. La FIFA fait de même. Les médias égyptiens, unanimes, montent alors au créneau accusant l'équipe algérienne d'avoir monté l'incident de toute pièce, de jouer la « comédie ». Le 14 le match a malgré tout lieu et voit la victoire de l'Égypte 2 à 0.

Les évènements qui se déroulent alors à la sortie du stade sont encore flous. D'après les médias algériens, les supporters des Fennecs auraient été pris à parti par des hordes d'égyptiens, des bus systématiquement arrêtés et caillasses, tout cela sous les yeux des forces de l'ordre complaisantes. Des policiers algériens témoignent avoir vu revenir les supporters couverts de sang et des rumeurs font état de plusieurs morts. En Algérie, ces annonces font grand bruit. A tel point que le ministère des affaires étrangères algérien y apporte un démenti officiel, après enquête dans les hôpitaux et les morgues. Mais le mal est fait et la rumeur se propage. Des drapeaux sont brulés, les locaux de plusieurs compagnies égyptiennes sont saccagées, les tours opérateurs suspendent leurs voyages à destination de l'Égypte, le ministère du travail annonce ne plus délivrer de permis de travail aux égyptiens... ceux déjà présent en Algérie commencent alors à fuir.... La presse égyptienne évoque une attaque sans précédant de la part des journaux officiels algériens. La crise s'aggrave...

L'histoire ne devait pas en rester là. A égalité parfaite (3-1 puis 0-2), les 2 équipes doivent jouer un troisième match permettant de les départager. Le Soudan va accepter d'héberger la rencontre qui promet d'être explosive. Celle-ci va être programmée le 18 novembre 2009 à Omdourman. Cette fois-ci les Algériens vont se déplacer en masse. Les comptoirs de Air Algérie sont pris d'assaut, des avions spéciaux sont affrétés, et les procédures d'obtention de visas sont facilitées. Sur place, les supporters des 2 camps vont tenter de s'attirer le soutien du peuple soudanais... et le jour J le coup d'envoi du match est donné dans un stade survolté. Le résultat va tourner en faveur des Fennecs, 1 à 0. La clameur qui s'élève du camp algérien est immense et la fête qui s'annonce promet de s'éterniser.

Elle va être émaillé de quelques incidents. Malgré un dispositif sécuritaire impressionnant on déplorera quelques échauffourées et 4 blessés légers aux dires des autorités soudanaises (21 suivant le ministère de la santé égyptien). Mais les rumeurs qui parviennent en Égypte sont d'un autre ordre. Les Algériens, avides de vengeance, auraient ouvert les prisons permettant aux criminels de rejoindre le soudan. Arrivés quelques jours en avance, ils se seraient rués sur les marchés soudanais pour se procurer des couteaux. A tel point que les prix de ceux-ci auraient doublé. Puis les algériens auraient réussi à introduire ces armes dans le stade (une vidéo circulera sur YouTube. Elle s'avérera en fait beaucoup plus ancienne). Après la rencontre, des supporteurs égyptiens affolés appellent en direct dans des talk-show se disant victime de « bain de sang ». Le bus ramenant l'équipe d'Égypte à l'aéroport aurait été attaqué. On déplorerait, à Khartoum, plusieurs blessés et au moins 1 mort.

La campagne médiatique qui va suivre va être d'une intensité extrême. Les journaux égyptiens se font les premiers porte-paroles de l'indignation du peuple... et les premiers relais des pires rumeurs venant du Soudan. Sur Internet, les supporteurs des deux camps s'affrontent, s'invectivent, chacun prêtant à ses adversaires les pires atrocités. Les hackers de deux pays se lancent dans une compétition visant à perturber les sites Web adverses et l'ambassade d'Algérie au Caire est prise d'assaut. Des drapeaux sont brulés. Des personnalités s'en mêlent alors donnant encore plus de crédit aux pires accusations. Le fils du président Égyptien, Alaa Moubarak témoignera de son indignation face aux évènements de Khartoum, des concerts seront annulés par solidarité. Les Algériens du Caire commenceront à fuir le pays. Accusé de n'avoir pas su protéger les supporters égyptiens, le Soudan va alors réagir avec fermeté. Convoquant l'ambassadeur égyptien, Khartoum déplore par voie officielle que « plutôt que de souligner tout ce que le Soudan a fait pour ce match, l’accueil, l’hébergement de près de 25.000 personnes et leur sécurité, les médias égyptiens ont diffusé de fausses informations ».

La crise va s'installer dans la longueur alors que les politiques s'emparent du dossier. L'ambassadeur égyptien en Algérie va être rappelé alors que son homologue algérien « prendra quelques jours de vacances ». Ministres, élus, officiels vont multiplier les déclarations, exigeant des réactions plus ou moins disproportionnées. Dans les médias, les attaques vont se poursuivre. Les symboles nationaux, le positionnement géopolitique, la mentalité des peuples. Rien n'échappera à leur attention, alimentant dans les populations les pulsions les plus basses et créant dans les esprits une fracture que le temps aura du mal à combler.

24 janvier 2010

« Vous êtes français ? »

« Euh ... oui ... »

« Mais ... français français ... ou ... »

« Que voulez vous dire ? »

« Euh ... Vous n'êtes pas d'origine algérienne ? »

Je suis à Louxor et le jour tant attendu est enfin arrivé. Les Pharaons sont en demi-finale et ont l'occasion de se confronter à nouveau à leurs ennemis. L'ambiance promet d'être au rendez-vous. A 19 heures nous sommes installés dans un bar, où un écran géant a été installé. La sheesha bouillonne, le thé vient de nous être servi... Et le coup de sifflet annonçant le début du match est sifflé.

Je ne l'avais pas remarqué jusqu'à présent, mais ma nationalité me rend fortement suspect de sympathie pro-algérienne. On m'invite à venir regarder le match pour voir où vont mes préférences ... On me demande si je suis triste de la défaite de l'équipe algérienne... Des petites filles me demanderont lors de la fête de la victoire si je suis avec les Algériens, alors que leur mère les rabroue... Je n'apprendrai que plus tard que le Ministère des Affaires Etrangère a averti les ressortissants français en Égypte de se méfier.

Les évènements de Khartoum ont fortement marqué les esprits des deux peuples. Déjà, au Maroc, un supporter m'avait confié « Tu sais, [les équipes du Maghreb] nous nous affrontons souvent... Mais lorsque l'une d'entre nous joue contre l'Égypte, alors nous faisons front derrière elle. Ils ont quelque chose d'arrogant, ils se croient plus arabes que les autres, supérieurs... ». Ici je ressens à quel point la défiance envers les algériens s'est installée. « On croyait que c'était à cause de votre histoire avec vous, les français. Mais ce n'est pas ça. Ils sont violents. C'est quelque chose dans leur psychologie » me dira un Egyptien. Au niveau diplomatique les choses se sont quelque peu apaisées. Après l'escalade des premiers temps, les autorités des deux camps se sont rendu compte que les choses allaient trop loin. Le 21 novembre 2009, Amr Moussa, le secrétaire de la Ligue Arabe est contraint de s'exprimer depuis Dubai. Il appelle les deux parties au calme et demande à Mohammad Khadafi d'intervenir pour faciliter la réconciliation des deux « frères » ennemis. Dans la presse, les appels au calme vont alors remplacer les déclarations incendiaires. Les journaux rappelleront les liens qui unissent les deux pays, l'aide apportée par Nasser à la révolution algérienne, et la présence de soldats algériens venus épauler leurs frères égyptiens en 1973 lors de la reprise du Sinaï. Mais dans les consciences, le mal est fait ! Et le déroulement de la demi-finale ne va pas aller dans le sens d'une réconciliation.

Après 90 minutes d'un match atypique le verdict est sans appel. L'Égypte remporte la demi-finale 4 buts a 0. Et trois joueurs algériens se sont fait expulser du terrain. La presse algérienne va crier au complot dénonçant l'arbitrage partial dont ils ont été victimes, le choix d'un arbitre déjà contesté pour une rencontre d'une telle importance, et dénonçant la collusion de l'Égypte avec les instances du football africain (par la voix de son entraineur Saadane). Mais s'il est vrai que l'arbitrage lui fut défavorable (notamment le premier penalty immédiatement suivi d'un carton rouge), l'équipe égyptienne a mené un match de qualité. Et après les premières déconvenues, les joueurs algériens n'ont pas su garder leur calme, se coupant de toute chance de revenir dans la partie (l'arbitre a même été suspendu par la FIFA pour ne pas avoir sanctionné le goal algérien coupable d'un geste de protestation un peu « musclé »).

Avec cette victoire, la joie des égyptiens sera immense et ils célèbreront leur revanche prise sur l'Algérie dans tous le pays. De l'avis de beaucoup d'entre eux, « la suite [la finale] n'as que peu d'importance ... Seul ce match était vraiment important ».

31 janvier 2010

Alors qu'il vient de rentrer sur le terrain, Gedo, nouvelle révélation des Pharaons et futur meilleur buteur de la CAN, délivre l'Égypte grâce à un but marqué à la 85ème minute. Le Ghana ne reviendra pas et l'Égypte sera consacrée championne d'Afrique. Elle aura réussi à conserver son titre pendant trois coupes consécutives. Elle n'aura perdu aucun match durant la compétition et dès le lendemain, elle monte à la 10ème place du classement des équipes mondiales. Les Égyptiens ont toutes les raisons d'être fiers de leur équipe et ils ne s'en privent pas ! Je verrai la fête au Caire et celle-ci va durer une bonne partie de la nuit. Les habitants de tous âges sont sortis dans la rue pour partager ce moment. Les hymnes à l'équipe d'Égypte remplissent l'atmosphère, des feux d'artifices sont tirés et les caméramans assaillis par des foules de supporters clamant leur foi envers l'équipe nationale. Les Égyptiens m'abordent avec chaleur, heureux de voir des étrangers partager ce moment avec eux. Cette coupe restera dans leurs esprits et dans leurs cœurs.

Mais une fois les clameurs de la fête apaisées, il est intéressant de revenir sur ces évènements et de les analyser sous un jour plus politique. Car s'il n'est pas question de parler de conspiration, on peut néanmoins remarquer plusieurs indices laissant à penser que cette affaire a eu une forte dimension politique. Les médias, et surtout ceux réputés « pro-gouvernementaux », en ont été au coeur, relayant les rumeurs les plus folles, faisant appels à des slogans et des images guerrières et attisant les feux de la discorde. Mais ils ont su aussi très vite inverser leur discours, notamment après les médiations de la Ligue Arabe. Le dossier a également été alimenté, dans les deux pays, par des personnalités de premier plan, souvent issues ou proches des gouvernements en place. En Égypte, les fils Moubarak sont montés au créneau proclamant leur indignation et appelant au respect du pays et du peuple. Et en Algérie, d'anciens généraux ont été mis à contribution, pour défendre la patrie attaquée et répliquer par leurs analyses cinglantes à l'assaut Égyptien.

On peut remarquer la grande similitude des deux gouvernements mis en jeu dans cette affaire : présidents à vie, toute puissance des services de sécurité, pillage organisé des ressources du pays. Maintenir l'état d'urgence permanent, qui caractérise ces régimes depuis des décennies, implique la nécessitée de relâcher, de temps en temps la soupape de la tension sociale. L'occasion semblait difficile à laisser passer. Le sport, et le foot en particulier, représentent un puissant exutoire pour des populations en proie à l'oppression, au désespoir et aux droits politiques bafoués, élections après élections. La ferveur nationaliste générée permet aux régimes de se repositionner comme défenseurs de la nation, protecteurs du peuple, faisant oublier pour un temps le chômage, la corruption et l'absence de futur pour les jeunes populations. L'étude du contexte particulier à chacun des deux pays permet de pousser la compréhension un peu plus loin.

Malgré une économie forte, tirée par la vente des hydrocarbures (l'Algérie est le troisième exportateur africain de pétrole et le premier de gaz), le pays a du mal a se trouver une identité. La répartition des bénéfices de la croissance est incertaine et la désaffection de la population envers ses dirigeants est flagrante. Les événements de 1992 (invalidation des élections, qui allaient donner le pouvoir au FIS, par l'armée et prise du pouvoir par les généraux) ont laissé des marques et le peuple ne croit plus au système politique (le mouvement démocratique utilise depuis 2001 un terme, « hogra » signifiant « mépris », pour désigner l'attitude des dirigeants envers le peuple). Depuis 2004 le taux de participation tourne autour de 50% à chaque élection (excepté la dernière présidentielle avec une participation de 79%, chiffre fortement contesté par les partis d'opposition, qui avaient tous appelés au boycott) et la classe politique désespérait de trouver un moyen de remobiliser la population. Ces derniers mois, des mouvements sociaux se profilaient (grève de l'université, CNES...) mettant en danger l'action du gouvernement.

En Égypte, la succession de Hosni Moubarak a, d'après l'avis de nombreux analystes, pesé lourd dans la balance. Arrivant au terme de son cinquième mandat de 6 ans, le temps semblait venu pour lui de passer le flambeau. Et bien que non encore déclaré, le nom de Gamal Moubarack, fils ainé du président est sur beaucoup de langues. Secrétaire général adjoint du PND (parti présidentiel), de plus en plus actif médiatiquement et politiquement, cette affaire lui a donné l'occasion de faire porter sa voix, de se présenter comme défenseur des intérêts du peuple et de la nation sur un sujet auquel adhèrent tous les égyptiens. Une qualification ou une victoire en CAN permettrait de donner un bol d'air au pouvoir, fluidifiant la transition annoncée. Ces évènements furent aussi l'occasion pour le gouvernement de détourner l'attention de sa politique étrangère. La position de l'Égypte durant la guerre de gaza (27 décembre 2008 – 18 janvier 2009) a fortement été remise en question à l'intérieur du pays. Et la coupe d'Afrique est arrivée à point nommé, pour faire oublier la construction d'un mur « anti-souterrains » avec la frontière de Gaza (débuté fin décembre 2009). Mur qui parachève l'emprisonnement des gazaouites dans ce territoire surpeuplé et sous blocus israélien depuis plus de trois ans. Mur qui avait provoqué une levée de boucliers dans tout le monde arabe et en particulier en Égypte.

Même si toutes les répercussions de ces évènements ne se sont pas encore fait ressentir, on peut déjà aisément pressentir quels en seront les gagnants et quels en seront les perdants. Du coté des régimes, l'affaire semble avoir été très heureuse. Chaque peuple a eu sa victoire, et blâme l'autre pour la défaite. Et la flamme du patriotisme a été ravivée dans les deux pays. Les populations ont fait corps avec leurs équipes, se sont rassemblées sous l'emblème national et se rappelleront longtemps de ces victoires et de la ferveur qui les a accompagnées. La grande perdante de cette affaire est l'idée de nationalisme arabe, ou même de solidarité Arabe (cf. l'excellent article de AngryArab traduit par « Les indigènes du royaume »). L' « arabité » de l'Algérie fut une des premières cibles des commentateurs égyptiens, et en premier lieu de Alaa Moubarak, fils cadet dut président : « Le nationalisme ou la fraternité arabe n'existent pas. Ce ne sont que des mots qui ne veulent rien dire dans la réalité... Quand les Algériens apprendront à parler arabe alors ils pourront venir dire qu'ils sont arabes. » Les Algériens répondront en proclamant la fierté d'être « Imazigh » (ensemble des ethnies ayant occupé l'Afrique du Nord), dénonçant la collusion de l'Égypte avec Israël, appelant le gouvernement à rompre toute relation diplomatique avec la Ligue Arabe, quitte à en ouvrir avec Israël. Aux premières loges et intéressées au plus au point par les évolutions des sociétés moyen-orientales, un commentateur israélien écrira : « Le panarabisme ne résiste pas au nationalisme footballistique ».

Il n'est pas question, dans cet article, de se contenter de montrer du doigt deux pays, les accusant des pires torts sans essayer de comprendre la dynamique politique sous jacente de ces évènements pour en tirer quelques enseignements. Car si les ficelles de la manipulation sont peut-être un peu plus grosses dans ces pays autoritaires, aux médias contrôlés et aux peuples plus désespérés, elles sont néanmoins à l'œuvre partout dans le monde. Le sport, et les divertissements en général, sont de puissants moyens de contrôle des populations, reconnus comme tel par les dirigeants depuis toujours (« Du pain et des Jeux »). Lorsqu'on parle avec des gens vivant sous divers types de régimes, on apprend à reconnaître la chance de vivre dans des états de droits, dans des sociétés libres, ouvertes, démocratiques. Et l'individu reste la brique fondamentale, le gardien de ces sociétés. Il lui appartient de les entretenir, de les soutenir. Sans sa vigilance, elles ont toutes les chances de s'écrouler sous les assauts des intérêts divers qui couvent en son sein. Apprendre à reconnaître les tentatives de manipulation de l'opinion est un préalable essentiel dans la lutte citoyenne, qui nécessite un sens critique aiguisé, et une vision globale des évènements. Et dans cet art, complexe, l'observation et le décryptage du jeu politique de pays étrangers peuvent aider à comprendre ce qui se passe chez nous.

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