Quand Rue89 devient un vrai journal... et qu’il pille les blogs
La presse est malade. Mais comme tout malade qui se respecte, elle ferme les yeux et cherche, quand elle le fait, des remèdes qui n’en sont pas. Son lectorat fond au fil des ans. Une introspection pour comprendre ce qui peut faire fuir ses lecteurs ? Non merci. Il suffit d’augmenter la place de la pub au détriment du texte, de transformer les sites Web en arbres de noël clignotants, de trouver un coupable (Internet ?) et d’augmenter le prix du journal.
En revanche, se demander si les articles ne sont pas parfois insipides, si la course à l’instantanéité, au détriment de l’analyse, de la mise en perspective n’est pas un facteur discriminant, pas vraiment... Se demander si les liens incestueux entre les journalistes et les services de communication des entreprises, des politiques, peuvent faire fuir le lecteur, pas question. Les voyages de presse, c’est tellement détendant.
Quant aux contenus, la presse ne se demande jamais si les lecteurs peuvent faire des amalgames. Voyez-vous, il est courant qu’un lecteur spécialiste d’un sujet découvre un article parfaitement ridicule, contenant des erreurs grossières. Dans ce cas, notre lecteur lambda se dit que si cet article est à côté de la plaque, le reste doit être à l’avenant. Il se tourne alors vers des blogs de spécialistes qui ne présentent pas autant d’incongruités comme des vérités.
Il se trouve que depuis des années, je connais très bien un journaliste, qui est accessoirement bloggeur. Son nom est Jean-Marc Manach. Il tient un blog sur la plateforme du Monde.fr. Et l’autre jour, à la lecture de cet article de Rue89 sur la nécessaire protection des sources des journalistes, je me dis que j’ai déjà lu ce papier. Il a été écrit par Jean-Marc Manach quelques jours plus tôt.
L'auteur de l'article sur Rue89, David Perrotin, renvoie en fin de papier vers le blog de Jean-Marc Manach, mais vers un article qui n’a rien à voir avec le sujet.
Ne parlons pas du contenu. Pour qui a deux notion de sécurité informatique, les ajouts du « journaliste » de Rue89, David Perrotin, laissent rêveur. Je ne suis pas d'accord avec toutes les propositions de Jean-Marc Manach dans son post (sur les échanges de mails par exemple), mais dans l'article de Rue89, on atteint des sommets restés vierges depuis des années.
Kitetoa.com a bien tenté de contacter Rue89 pour comprendre comment un tel sujet d’article, puis son contenu, avait pu germer au sein de la rédaction. Sans succès. A ce jour, aucune réponse ne nous est parvenue. Ce qui prouve que Rue89 est devenu un vrai journal classique. Il ne se soucie ni des questions de ses lecteurs, ni de la qualité de ses contenus, n’hésite pas à piller les blogs pour faire de l’audience, a transformé sa page d’accueil en arbre de noël clignotant, laisse passer dans ses colonnes des incongruités.
Toute la panoplie...
Tout va trop vite sur Internet...
Update du 15 novembre 2010 : nous avons reçu un mail de Pierre Haski à 12h56. Aucune réponse à nos questions initiales. Aucune information sur le cheminmement du papier au sein de la rédaction. Qui a validé le sujet ? Qui a relu le papier ? Pourquoi les incongruités techniques sont-elles passées au travers des filtres ? Pourquoi personne n'a vu que ce papier s'inspirait très fortement de celui de Jean-Marc Manach ? Mystère.
