Licence (globale) to kill
Il y a comme une méconnaissance de l'évolution des nouvelles technologies parmi nos amis « les gouvernants ». Le débat fait rage sur le téléchargement et même si le sujet a été largement débattu sur les blogs et ailleurs, il n'est pas inutile de réfléchir à ce qui risque de se passer.
Depuis qu'un membre de w00w00 -Shawn Fanning- a décidé de partager ses morceaux de musique avec ses amis il y a quelques années, pas un mois ne s'est passé sans que l'industrie du disque, puis du cinéma, aidées par les éditeurs de logiciels et les gouvernements, se battent contre son invention.
Avec sa technologie, qui portait le même nom que son pseudonyme (Napster), Shawn Fanning révolutionnait un système économique qui avait fait ses preuves jusque là. Et ceux qui avaient mis en place ce système ne voulaient pas le voir s'écrouler. De procès en procès, de textes de lois en textes de lois, le combat des anciens contre les modernes (ne voyez pas dans cette expression un jugement de valeur) débouchait sur... rien.
Aujourd'hui, la mise à disposition au téléchargement de musique, de films, de documents électroniques en tous genres n'a jamais été aussi importante. Pourtant, combien de serveurs fermés, saisis, combien d'internautes condamnés, combien de « cyber-terroristes » (il faut au moins ce genre de terminologie pour définir les vilains internautes qui téléchargent) pris sur le fait? Tout ça pour ça? Quelque chose ne fonctionne pas dans la stratégie des majors. Dans le même temps d'ailleurs, les ventes de disques augmentent assez régulièrement. Il suffit de citer l'exemple des Arctic Monkeys pour comprendre qu'il y a moyen d'intégrer le P2P dans une stratégie commerciale. Bref, on est en plein paradoxe.
Ce qui est amusant c'est que la technologie inventée par Shawn Fanning a déjà muté pour s'adapter au contexte. Le téléchargement de document musicaux, vidéos ou autres via Internet n'est pas né avec elle, loin s'en faut et Usenet est là pour le prouver (un oubli des majors dans leur lutte ou bien est-ce parce qu'il ne savent pas ce que c'est?). Elle a juste simplifié la recherche de documents pertinents en fonction d'une demande. Mais elle a ralenti la vitesse d'obtention des documents qui ne peut atteindre celle d'un téléchargement via FTP par exemple. Bref, en voulant détruire Napster, les majors ont précipité la mutation de cette technologie. La récente saisie de serveurs (Razorback) ne changera pas cette évolution. Pourquoi? Parce que le P2P est devenu un standard. Ce n'est pas juste une technologie parmi d'autres. C'est une technologie que les internautes se sont appropriée et dont ils font un usage intensif. Une technologie dont ils ne veulent pas se passer.
Il y a donc une sorte de lutte vaine à vouloir éradiquer le partage de fichiers. Un peu comme si l'on décidait du jour au lendemain d'interdire les voitures, les machines à laver, les antibiotiques ou la télévision. Il y a peu de chances que cela marche. Même si l'on invoquait des raisons importantes et incontestables comme la sauvegarde de l'humanité (moins d'accidents de la route, moins de réchauffement climatique, moins de trou dans la couche d'ozone, moins de produits chimiques rejetés, moins de trou de la sécu,...).
Il serait probablement vain de faire de la prospective, mais la future évolution des technologies de P2P permettant de ne pas tomber sous le coup des lois les plus dures que le législateur pourrait imaginer, est assez simple. La dernière fois que les membres de Kitetoa.com y ont réfléchi avec quelques amis ayant quelques capacités pour coder de jolies applications, il nous aura fallu une bonne demi-heure pour tracer les grandes lignes d'un outil de P2P qui n'en serait pas un aux yeux de la loi. Bref... Nous verrons bien comment nos législateurs se tireront du mauvais pas dans lequel ils se sont mis en voulant légiférer sur une technologie qui n'est pas stabilisée (trop tôt donc...) et dont les internautes ont fait un standard. Mais surtout, nous reparlerons de P2P dans 5 ans pour voir comment les majors auront géré leur problématique.
A lire également: Je conchie les blogs
