[Kitetoa, les pizzaïolos du Ouèb

Les cons sultants prédisent la fin des inégalités grâce aux NTIC et donc... Grâce au Net...

Le supplément Eco du Monde daté du 9 janvier reposait l'étonnante question qui a brûlé les lèvres de tant de "spécialistes" et autres "gourous" des NTIC: Les NTIC, justement (et donc le Net), vont-elles permettre de combler toutes les inégalités entre les pauvres et les riches? Bonne question... T'as raison mon con sultant.

En feuilletant ledit supplément, on croisait des affirmations révolutionnaires:

- "En favorisant l'accès au savoir planétaire, Internet pourrait limiter les exclusions. A condition d'être à la portée de tous".
- "Le G8 ne veut pas de laissés-pour-compte de la société de l'information".
- "Internet offre une chance de réduire les écarts si on sait bien l'utiliser" (Michel Bon, P.D.G. de France Telecom).
- "Les nouvelles technologies sont devenues indispensables dans la lutte contre la pauvreté" (Mark Brown, Directeur exécutif du Programme des Nations-Unies pour le développement).

Les spécialistes de la chose sont quand même marrants... Du haut de building de verre, de leurs connivences, de leurs arrangements entre amis, de leurs opérations pas toujours éthiques, ils viennent expliquer que grâce à cette nouvelle pierre philosophale qu'est Internet, les pauvres vont devenir riches. Où alors, les riches vont devenir moins riches au profit des pauvres. Ben oui, pour réduire les inégalités, c'est l'histoire de la bouteille pleine à côté de la bouteille vide. Si on veut qu'elles soient toutes les deux remplies, il va falloir soit remplir la deuxième avec de l'eau que l'on dégottera ailleurs, soit vider à moitié celle qui est pleine pour remplir jusqu'à là moitié celle qui était vide. Mais revenons à nos pauvres qui vont voir leurs inégalités réduites (c'est surtout eux qui sont inégaux. Les riches sont très égaux, merci pour eux). Peut-on, lorsque l'on a un esprit sain et que l'on a voyagé au delà des frontières de son quartier chic, imaginer un instant que les NTIC sont un vrai moyen pour réduire les inégalités??? Ouvrir une fenêtre sur le reste du monde, sûrement. Rendre moins pauvre les pauvres, sans doute pas...

Premier constat simple, le nombre de secteurs impactés par la révolution Internet est encore faible. Prenez votre boulanger dans votre beau pays développé où le tout à l'égout est une chose si commune que plus personne ne s'en étonne ni se demande comment ça marche, cette technologie là. Et bien votre boulanger fait toujours sa baguette avec une sale farine qui est la même que celle de ses concurrents (combien reste-t-il de fournisseurs de farines?) et, dans l'immense majorité des cas, il se contrefout d'Internet.

Et le plombier? Il a réduit son inégalité lui avec les NTIC?

Mmmmhhhh.... cherchons autre chose... Voyons voir... Ah, j'y suis! Le garagiste. Non, pareil... Heu... Le facteur? Non. Mon concierge? Non, son inégalité reste la même... Rahhh....

Bref, il y a de très nombreux secteurs qui ne seront pas directement impacté par la révolution promise. Ce que notent heureusement les journalistes du supplément éco du Monde qui tempèrent ainsi l'ardeur des P.D.G. et autres consultants interrogés.

Pour le reste, il faut être économiste du F.M.I., de la Banque Mondiale ou même, en charge du PNUD pour ne pas comprendre que les pays pauvres ont besoin de mille autres choses avant d'être connectées à quelque réseau que ce soit. Exemple: tant que le gouvernement corrompu d'un pays du tiers-monde ne met pas en place un système efficace de tout à l'égout (tiens, re-lui?!) et de ramassage d'ordures, il est bien difficile d'imaginer que les habitants du pays auront accès à un niveau d'hygiène acceptable (selon nos critères occidentaux). Sans compter les enfants qui continueront de faire les "éboueurs", sans gants, en charriant des tonnes de détritus bien  trop lourds pour eux. Le tout pour une piécette. Et même s'ils ont Internet à la maison pour remplacer l'école à laquelle ils n'iront jamais, ils sont trop fatigués pour surfer. Manquerait plus qu'ils tombent sur le site du PNUD... Ne vaut-il dès lors pas mieux co-financer ce type de projet concret et à effet immédiat plutôt que l'arrivée d'Internet au milieu de la jungle?

Et encore, ici, nous parlons de pays où il y a des ordures. C'est à dire où, précédemment aux ordures, il y avait à manger... Que dire des pays où sévit la famine? De ceux où elle est instrumentalisée comme arme de guerre? De ceux où s'éternisent des conflits oubliés de tous? Et surtout des pays industrialisés. A part quand leurs ressortissants en profitent pour faire de l'argent sur la mort en vendant des armes aux factions rivales comme en Angola. Pathétique.

Même devant ce tableau, il reste des gens pour venir clamer que les NTIC vont réduire les inégalités...

Inégal toi-même pauvre con!

Kitetoa

 

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