L'esprit de Defcon serait-il perdu?
La presse s'interroge...

Mais ils s'attardent sur le fait que si les Fédéraux s'affichent ainsi et que si les hackers ne sont pas forcément hostile à ces propositions, c'est que l'esprit de Defcon est mort...

Mouais...

C'est méconnaître la diversité, la complexité et les contradictions du monde du Hack que de conclure à une mort d'un quelconque "esprit" de Defcon.

Y a-t-il, d'ailleurs, un esprit Defcon? Et à quoi ressemble-t-il? Car pour se perdre, il faut bien qu'il existe cet esprit... Or rien n'est moins sûr. En tout cas, sans doute pas tel que la presse l'imagine...

D'une certaine façon, Defcon s'est institutionnalisée et d'ailleurs, Jeff Moss a quitté son travail de consultant en sécurité pour se consacrer aux conférences (l'accès à Black Hat est beaucoup plus cher...). Cette réunion devient moins confidentielle, pour autant qu'elle l'ait jamais été...

Mais enfin... qu'attendent les journalistes d'une telle conférence publique? Que des gamins se mettent à hacker le monde et à r00ter des serveurs devant eux? Ils pensent apprendre des secrets? Savoir qui est qui et qui fait quoi du côté sombre de la force? Connaître la personnalité de chaque Ninja de l'ombre? Le phantasme des journaleux, comme ceux de Canal + qui étaient sur place ou de Capa, l'emporte sur une simple réalité qui pourtant, devrait briller devant leurs yeux. Ne sont-ils pas payés pour réfléchir? Peut-être devraient-ils s'interroger sur qui les a r00té, eux, les journalistes (on y reviendra plus tard).

Que la presse s'émeuve de voir un membre du cDc appeler les jeunes à arrêter les graffitis sur les pages d'accueil est ridicule. Que veulent les journalistes? Que les gamins continuent de prendre des risques juridiques immenses pour rien? Qu'ils hypothèquent leur avenir pour une connerie de jeunesse à deux balles? N'y a-t-il pas mieux à faire que de pirater des petits serveurs Web? C'est d'ailleurs devenu si simple que cela n'est même plus un challenge technique. Le hack de defcon.org cette année en est la l'illustration parfaite.

Les enjeux sont ailleurs, ils résident bien plus dans le vrai hack qui se fait à la maison, sur un réseau local. Lorsqu'un hacker décortique un serveur ou un système d'exploitation pour en pointer les failles, qu'il prévient l'éditeur et rend publique sa trouvaille, il construit. Le reste, ce que les journalistes imaginent, c'est de la destruction. Et comme l'a dit un membre du cDc, il est bien plus facile de détruire que de construire...

Defcon ne sert donc pas à hacker la planète... C'est surtout l'occasion pour tout le monde de se retrouver, d'échanger dans le monde réel, de mettre un visage sur un nick, de faire la fête... Personne ne vient à Defcon pour pirater quoi que ce soit. Alors... Que les fédéraux soient là ou pas, qu'ils lancent à la foule des offres d'emploi, il n'y a là rien de bien transcendant.  D'ailleurs, ce n'est pas nouveau... Les services spéciaux cherchent à savoir qui fait quoi et à surveiller l'activité des hackers depuis toujours et dans tous les pays. Y compris le nôtre. Mieux... Les services en question tentent d'attirer ces gens-là, soit directement, soit au travers de sociétés privées... Rien de neuf sous le soleil!

Kitetoa