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Psycho

Le dernier film de Gus Van Sant (GVS) l'hétéroclite (Good Will Hunting, To Die For…) pose l'éternelle question : comment aborder un remake ? Surtout quand il s'agit d'une oeuvre majeure comme le Psycho de Hitchcock.

Plusieurs options s'offrent au cinéaste aventurier :

- refaire un recalque, alors forcement mauvais ; on a rarement (jamais ?) vu une copie meilleure que son modèle.

- relooker l'oeuvre : on se casse les dents sur les comparaisons et critiques acerbes que ne manqueront pas de formuler les "spécialistes" de l'oeuvre.

- faire un tout autre film : on s'éloigne beaucoup du remake pur et simple.

Or le Psycho de GVS, est, a mon avis, un bon condensé des 2 premières options.

GVS l'a dit : il s'est appuyé sur les façons de filmer du Maître (4 semaines de tournage), se référant au storyboard du film élaboré à l'époque. Donc, pas de surprises de relecture de scenario ou de changement de directions. On se retrouve en terrain connu : le cadrage, les séquences… tout fait penser a Hitchcock.

Mais là où le réalisateur a réussi un bel exploit, c'est d'ancrer ce film dans les 90's. Ainsi, même si tout fait invariablement penser aux 60's/70's (voir les voitures, le parapluie, les fringues…), on ne se croit jamais dans ces années là. Le film réussit à être actuel. Parce que notre époque se retourne sans relâche sur le passé, à la veille de l'an 2000 et du passage au prochain millénaire, un tel film empreint de références de quelques 20 années antérieures ne l'en rend que plus actuel.

Ce n'est pas non plus joli-comme-une-vitrine-de-boutique-kitsch, certains passages/détails sont fortement ancrés dans nos années et n'auraient pas pu être tournés a l'époque de l'original : la scène de masturbation (!!), la gesture efféminée du psycho (assez convaincant Vaughn), le Walkman, le chewing gum et la tenue de Julianna Moore (le seul personnage très 90's)…

Le seul hic, ce sont toutes ces références qui surchargent l'hommage : la silhouette sosie d'un Hitchcok dans la rue, l'Oiseau qui vole à la fenêtre d'une chambre, le cadrage Vertigo du corps dans la fameuse scène de la douche (très bien menée)…

On a l'impression (fâcheuse) que GVS veut s'effacer derrière la silhouette (imposante) du Maître. Plus que d'imposer sa patte. Ceci n'enlevant en rien le plaisir de retrouver un suspense efficace étendu par la durée des séquences (longues dans le cinéma actuel), autre méthode employée par Hitchock pour le faire entrer dans une réalité palpable par le spectateur.


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