Date de parution : 26/02/1997

Société de l'information : un cri d'alarme sénatorial !


Qui n'a pas entendu les < Guignols de l'info > brocarder le président de la République en faisant dire à sa marionnette < je mets la biscotte dans le grille-pain et je clique sur le mulot > ? L'anecdote du président demandant à quoi sert une souris d'ordinateur n'est pas passée inaperçue. Son entrevue quelques jours plus tard avec Bill Gates pour parler de cryptographie non plus. Il paraît en effet étonnant qu'en quelques jours le président ait réussi à appréhender le problème pour le moins complexe de la cryptographie, alors qu'il venait à peine de comprendre l'utilité d'une souris. Dans ce contexte, le sénateur Pierre Laffitte a décidé d'oublier pour un temps le langage diplomatique et de lancer un < cri d'alarme >. En effet, le rapport sur la France et la société de l'information, publié par le sénateur au nom de l'office parlementaire d'évaluation des choix scientifiques et technologiques, ne dissimule < ni le dépit [voire l'exaspération] ni l'inquiétude > qu'inspire < le retard pris par la France et l'Europe dans ce domaine >. Le sénateur appelle donc toute la société à se lancer dans une < croisade nécessaire > pour rattraper ce retard.
Pierre Laffitte n'hésite pas à demander que l'on considère ce rattrapage comme une priorité nationale. Il reprend là un thème courant aux Etats-Unis depuis les célèbres prises de positions d'Al Gore et de Bill Clinton sur ces sujets. Mais les similitudes s'arrêtent là, puisque le sénateur craint une hégémonie américaine dans le domaine des technologies de l'information. Sur le plan économique, Pierre Laffitte redoute un < renforcement de la domination américaine en matière de matériel et de logiciel informatique, une émigration outre-Atlantique des PME et des talents les plus innovants (ce qui a d'ailleurs déjà commencé), un déficit en termes de créations d'emplois et, enfin, une perte de compétitivité des entreprises françaises >. Dans le domaine culturel, le sénateur craint, bien entendu, une < vassalisation dans un monde dominé par les industries de contenus américains >.
L'office parlementaire d'évaluation des choix scientifiques et technologiques, par la voix du sénateur, rappelle que la France dispose d'atouts (< une avance réelle il a quinze ans >) et qu'il est temps de se ressaisir. Il invite donc les médias à se faire l'écho de l'émergence de ce monde nouveau, il demande aux pouvoirs publics et aux collectivités territoriales de s'impliquer dans la < croisade > et de prendre des décisions < rapides >, ce qu'ils semblent incapables de faire. A ce propos, Pierre Laffitte fustige la France, terre des organisations hiérarchisées et figées, des commissions et des comités de réflexion. Une organisation de société à l'inverse de celle de la société de l'information, où les niveaux hiérarchiques sont balayés. L'information y est accessible à tous, du manoeuvre au président- directeur général. La communication entre les personnes est simplifiée (moins de rigidité et de formalisme). De fait, aucune consi- dération de fonction n'est prise en compte dans les relations entre personnes échangeant des courriers électroniques. On peut s'en féliciter ou le déplorer. Quoi qu'il en soit, il est vrai que ce monde se construit depuis plusieurs années et que la France en est toujours au point de départ. Il ne s'agit pas ici de négliger telle ou telle expérience de telle ou telle entreprise française à la pointe des technologies nouvelles. Mais bien de constater que le changement des mentalités est très lent, voire inexistant à l'échelle du pays. Si l'on veut concrétiser cet état de fait par des chiffres, il suffit de citer le rapport du sénateur, qui rappelle qu'en France, en juillet 1996, seuls 189.786 ordinateurs étaient reliés à Internet, contre 8.224.279 aux Etats-Unis ou 548.168 en Allemagne... Le sénateur note à ce sujet que la pénétration d'Internet et des technologies qui lui sont liées dans les entreprises reste faible dans notre pays. Un constat qui s'explique la plupart du temps par des peurs injustifiées liées à la sécurité.
Bien d'autres chiffres peuvent être avancés pour démontrer le retard que la France accumule. Mais le plus parlant est sans doute celui du chiffre d'affaires généré par le Minitel. Les détracteurs d'Internet n'avancent-ils pas que le Minitel nous garantit une avance sans pareille sur les autres pays ? Ne dispose-t-on pas de 16 millions de terminaux implantés dans les familles françaises ? Le Minitel ne dégageait-il pas 7 milliards de chiffre d'affaires en 1996 ? Certes. Mais Internet (tout au moins le World Wide Web, sa partie grand public) a déjà dégagé après trois ans d'existence 518 millions de dollars en 1996, soit, avec un dollar à 5,70 francs, quelque 2,952 milliards de francs...
Rappelons que Cisco (le producteur de routeurs) compte atteindre - à lui seul - le milliard de dollars de chiffre d'affaires au travers de son serveur web d'ici au mois de juillet 1997. Mais nous avons le Minitel, n'est-ce pas ?

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