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Date: 06 Mar 2001
Time: 18:37:03
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Qui osera ? Qui osera dire que derrière la brevetabilité du logiciel pointe la brevetabilité de tout ce qui de près ou de loin peut se produire, se vendre ou s'échanger ? Qui osera dire que bientôt finira le temps où nous achetions en nu et pleine propriété les biens et services dont nous nourrissons nos vies et nos rêves ? Qui osera dire que nous nous dirigeons droit vers une société où le modèle de la licence d'utilisation protégée par brevets régentera tout ? Nous ne nous soignerons pas : non, nous paierons jusqu'à une mort sans cesse repoussée dans le temps les licences d'utilisation des médicaments qui nous permettront de bosser jusqu'à 80 piges parce qu'ils repousseront à plus de cent ans l'âge de la retraite ? Et dès que cesseront les versements aux labos s'éteindra la licence d'utilisation des substances actives indispensables à notre maintien en vie ... Certes, de grands fléaux seront vaincus par les biotechnologies : cancers, maladies génétiques naturelles ou industrielles (ESB, cancers de l'amiante, etc...). Mais au prix d'un esclavage, d'un lien pervers, en fait, de la fable du pneu increvable réalisée (ben oui, le pneu increvable fut inventé chez Michelin... où un homme du départements des ventes fit remarquer que si l'on se mettait à vendre des pneus increvables, c'était la faillite assurée pour cause de non réapprovisionnement des cons-sommateurs... Ainsi naquit et pas seulement chez Bibendum la durée de vie volontairement limitée des biens de consommation...). Appliquée au monde des médicaments, cela donne dès aujourd'hui les grands labos assignant l'Afrique du Sud pour lutter contre la production de médicaments génériques anti-SIDA bon marché. Remarque, c'est en Afrique, alors ça passe... Il y a tellement de bonnes âmes pour avouer dans le secret des salons diplomatiques que le SIDA est une bénédiction : comment aurait-on pu faire face à une population dont la croissance démographique nourrissait les plus grands fantasmes d'invasions migratoires ? Mais demain... Ca me rappelle une petit fable, écrite du temps des dictatures, et que l'on pourrait remettre au gout du jour de la façon suivante : "D'abord, ils ont laissé mourir les Africains à coup de redevances trop élevées sur les médicaments et les vaccins. Je ne m'en suis pas soucié, je vivais en France. Puis, ils ont ruiné les agriculteurs indépendants américains à coup de semences génétiquement modifiées pour ne par se reproduire plus d'une fois [ Note : programme Terminator, de chez Mosanto : pour lutter contre les agriculteurs qui ne rachetaient pas assez de semences et utilisaient une partie des récoltes pour réensemencer, Mosanto et d'autres firmes inventèrent ce programme : les semences étaient génétiquement modifiées pour ne produire que des grains stériles, tout juste bons à être vendus aux industries de l'agro-alimentaire]. Ca ne me concernait pas, et puis les Américains récoltaient ce qu'ils avaient semé, pensai-je... Et puis quand ils ont breveté les médicaments, et qu'ils m'ont fait payé le droit de me soigner, je me suis d'un coup senti très seul.........."