Date de parution : 24/09/1996
Argent électronique : de quoi parle-t-on ?


La conférence organisée la semaine dernière par le département américain du Trésor sur le thème « Argent électronique et banque » aura été l'occasion de faire revenir sur le devant de la scène l'E-money. Internet est désormais plus qu'un simple phénomène de mode (tout au moins outre-Atlantique) et le secrétaire américain au Trésor, Robert Rubin, a asséné quelques petites phrases. Ainsi, selon lui, les banquiers et le gouvernement doivent « mettre de côté les points de vue idéologiques en matière de régulation et adopter une approche pragmatique pour trouver un point d'accord » entre le gouvernement et le secteur privé en ce qui concerne « les difficultés que va poser l'argent électronique ». Robert Rubin a par ailleurs souligné que « les modes de paiement électroniques sont internationaux et tous ces problèmes devront être réglés dans un contexte international ».
Au-delà de ces considérations générales, Edward Kelley, l'un des gouverneurs du board de la Réserve fédérale, a souligné que l'apparition de l'argent électronique ne représenterait pas une difficulté dans la conduite de la politique monétaire. Il rappelle que la banque centrale américaine a déjà assimilé l'utilisation croissante des cartes de crédit et de débit. En tout état de cause, le représentant de la Fed a précisé qu'il était essentiel que le gouvernement ne soit pas trop pressé de mettre en place un arsenal de textes régulant « la monnaie électronique », afin que le secteur privé puisse facilement développer et tester des solutions.
Les autorités américaines semblent donc prendre conscience de l'arrivée de nouveaux moyens de paiement et des risques qui y sont liés. Tout au moins tentent-ils d'identifier ces risques. Ce qui est un premier pas. Mais il n'en reste pas moins qu'autorités et secteur privé maintiennent un flou intéressant sur ce qu'ils entendent par « argent électronique ». E-money, E-cash, commerce électronique, solutions de paiement fondées sur des logiciels, cartes à puce - de débit ou de crédit - ou association logiciel-carte à puce, dématérialisation sont en effet autant de termes employés à tort et à travers pour désigner l'argent électronique tant attendu par les internautes.
De fait, les flux liés à l'utilisation d'une carte bancaire (crédit ou débit), ceux qui seront générés par les paiements effectués à l'aide de porte-monnaie électroniques (virtuels ou non), peuvent être assimilés à de l'argent électronique. Mais n'est-ce pas un raccourci un peu hâtif ?

Un peu d'histoire...

Il n'existe pour l'instant qu'un seul projet « viable » d'argent électronique : l'E-Cash inventé par David Chaum, dirigeant de la société DigiCash.
Alors que les projets de porte-monnaie électroniques virtuels (PMEV) fleurissent mais tardent à se concrétiser, David Chaum a fait le pari (dès 1990) de recréer - mais sous forme électronique - l'argent liquide. Il s'agit en fait de garantir l'anonymat des paiements. Ainsi, de la même façon qu'une banque sait qu'un client à retiré 100 francs auprès d'un distributeur mais ne peut savoir ce qu'il est advenu de ce billet, personne ne peut connaître l'utilisation qui est faite des E-dollars de David Chaum. Voilà donc ce qu'il faut appeler l'argent électronique. Le reste n'est que flux de paiement reposant sur l'existant (cartes bancaires ou comptes courants).
La naissance de monnaie électronique (DigiCash a déjà vendu une licence à une banque américaine et à la Deutsche Bank) pose quelques problèmes, quoi que veuille en dire Edward Kelley. Il faut déterminer, entre autres choses, qui émet cette monnaie, qui gère les flux (et donc le float), quelles taxes et quels systèmes de contrôle les gouvernements peuvent mettre en place.
S'il est probable que l'ensemble des moyens de paiements existants s'adapteront au commerce électronique (notamment via un réseau ouvert comme Internet) et que l'argent électronique viendra s'ajouter à cette palette d'outils offerte aux cyber-consommateurs, il serait préférable, pour l'instant, d'utiliser des termes exacts pour chaque projet ou réalisation, le sujet étant suffisamment complexe.

Des risques réels

Autant on peut concevoir que la Réserve fédérale, ou tout autre banque centrale, pourra contrôler les flux générés par un PMEV ou un porte-monnaie électronique classique adossé à une carte bancaire, autant il serait plus difficile de pouvoir maîtriser des flux financiers générés par chaque utilisateur d'Internet. Car, le système imaginé par David Chaum permet à chaque détenteur d'un ordinateur connecté à Internet d'accéder à un « réseau » de paiement au même titre qu'une banque. Ainsi, un utilisateur peut virer des fonds de son porte-monnaie électronique (off-line) sur celui d'un autre individu dans n'importe quel pays du monde sans qu'aucun contrôle « sérieux » ne puisse s'appliquer. L'invention de David Chaum favorise les utilisateurs qui peuvent effectuer leurs achats, ou leurs ventes de savoir-faire, en toute confidentialité, mais peut angoisser les autorités.
Le département du Trésor, qui tente de prévenir plutôt que d'avoir à guérir, a décidé d'associer les membres du G7 à une sorte d'équipe de surveillance des flux financiers dématérialisés (ce concept étant regroupé sous l'appellation « electronic money ». Par ailleurs, le département avait déjà mis en place un coordinateur des bureaux de contrôle du Trésor : le Financial crimes enforcement network (FinCEN).
Autant d'acteurs qui comptent surveiller l'évolution des projets en matière de moyens de paiement sur réseaux ouverts. Le secrétaire au Trésor, Robert Rubinn, estime sans doute que ces acteurs ne resteront pas inoccupés, puisqu'il a dressé une liste non exhaustive des dangers sous-tendus par l'avènement du commerce électronique : lois antitrust, informations données aux consommateurs, sécurité, solidité des émetteurs de monnaie électronique, contrefaçon, blanchiment d'argent, piratage informatique, droit à la confidentialité pour les consommateurs.
Les chantiers sont décidément aussi nombreux que les termes applicables au commerce ou à la monnaie électronique...


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