Date de publication : 04/03/1997
Jouons à nous faire peur...
Les enfants savent bien ce que c'est que de jouer
à se faire peur... Pour de faux, bien entendu. Les nouvelles technologies de
l'information, l'explosion du réseau Internet ont, ces deux dernières années, ouvert
des horizons très intéressants pour les entreprises du secteur de la finance. Toutes ne
l'ont pas perçu, certaines attendent de voir et d'autres, enfin, ont plongé pour
s'assurer une part de marché le jour où... De nombreux experts, consultants et autres
spécialistes Internet (un nouveau métier) ont mis en garde contre les dangers d'un tel
réseau. De fait, on trouve sur ce réseau (qui ne réinvente rien et ne fait que
transposer l'existant sous une nouvelle forme) le meilleur et le pire. Des thèses
universitaires de haut niveau, des études sur tous les sujets imaginables, mais
également l'industrie du sexe, des vendeurs de médicaments interdits en France, des
pirates informatiques. On nous promet des catastrophes en matière de sécurité
informatique. Il convient donc de se poser quelques questions. Quels sont les problèmes
de sécurité posés par un réseau ouvert comme Internet ? Peut-on y faire face et
comment ?
En matière de sécurité informatique dans le cas précis d'Internet, de nombreuses
entreprises proposent des solutions qui sont parfaitement sûres. Il s'agit d'un faux
problème. En revanche, le réseau permet une accélération de la vitesse de circulation
de l'information et brise les structures hiérarchiques classiques. Ces deux
caractéristiques ouvrent la porte à un nouveau type de problèmes qui est relativement
négligé. Tout au moins ne cherche-t-on pas à trouver des ripostes adéquates. Jouons
donc à nous faire peur.
Manipulation de cours
En l'an 2000, la majorité des bases d'informations
financières est concentrée dans les mains d'une seule entreprise. L'achat ou la vente de
titres sur tous les marchés sont possibles au travers d'un certain nombre de serveurs sur
Internet pour un coût réduit.
Un rapport plus vrai que nature (il ne peut avoir été écrit que par une équipe
d'analystes financiers) est posté dans un < newsgroup > dont le thème est
l'investissement en actions. Ce document explique sur une quarantaine de pages pourquoi
deux très grosses entreprises vont prochainement faire faillite. Entraînant dans leur
chute l'une de leurs banques, bien trop exposée. Tous les documents nécessaires à
l'accréditation de cette thèse se trouvent en annexe du rapport. En quelques heures, la
plupart des serveurs web des journaux relayent l'information. Ils sont eux-mêmes repris
par les agences de presse classiques.
Les analystes financiers de la plupart des sociétés de Bourse vérifient les chiffres en
consultant des bases de données financières classiques. Une partie des chiffres
correspond. Les titres des deux entreprises et de la banque plongent. Certains
investisseurs craignent un risque systémique dans le pays d'origine de cette banque. Une
peur largement relayée par la presse. Les marchés, pour leur part, bruissent de rumeurs
sur d'autres établissements < proches > de la banque et des entreprises mises en
cause. Des noms circulent. Les places financières enregistrent de forts reculs. La
première d'entre elles entraînant les autres.
Les particuliers s'ajoutent aux < zinzins > dans le mouvement de vente en utilisant
leurs comptes chez des discount brokers sur Internet.
Trouver la riposte efficace
Il faut entre deux et quinze jours pour prouver
qu'il s'agit d'une entreprise de désinformation. Le rapport est faux et les chiffres ont
été manipulés dans les bases de l'entreprise qui concentre l'information financière.
Il faut également entre deux et dix jours pour inverser la tendance sur les marchés. Un
mois après, les cours ont retrouvé leurs niveaux classiques. Certains font de belles
plus-values.
Scénario catastrophe ? Impossible ? Une partie de ce qui est décrit ici s'est déjà
produit. Un petit monopole en matière de données financières est en phase de création,
le rapport en question a bien existé à deux reprises, concernant au moins deux
sociétés françaises. Quant à la vitesse de circulation de l'information sur Internet
ou à la capacité des marchés à fluctuer sur la base d'une rumeur... Par ailleurs, il
ne faut pas oublier que nous n'en sommes qu'à l'an trois de l'explosion d'Internet.
La manipulation de cours telle qu'elle est décrite dans les lignes précédentes semble
difficile à contrer. Cependant, si certains peuvent utiliser le réseau dans ce but, rien
n'empêche de l'utiliser pour contrecarrer ce genre d'agissements. Bien entendu, il est
quasiment impossible d'agir efficacement en aval. Il convient donc de préparer dès
aujourd'hui des scénarios de < riposte >. Il ne semble plus incongru de parler de
prévention des risques industriels, de tenter de se prémunir contre l'intelligence
économique. Serait-il incongru de voir les entreprises du secteur privé et les
autorités publiques réfléchir aux réponses à apporter à ce nouveau type de questions
?
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