Souvenez-vous... Il y a
quelques jours le Journal du Net, habituellement assez peu regardant sur les performances
visiteuses délirantes annoncées par des dot-coms, trouvait la fréquentation de
tchatche.com sur cybermétrie, comment dire,... surprenante.
Il nous expliquait cela par la différence entre le sitecentric et le usercentric.
L'explication n'expliquait rien mais l'important pour le Journal du Net était d'en parler
sans se fâcher avec quelqu'un. L'article se concluait donc par cette phrase exemplaire :
"la nécessité d'apprendre à connaître et utiliser ces différents outils dans
leurs richesses respectives avant de tirer des conclusions de la confrontation de leurs
résultats". Ben voyons. Tu parles Charles.
Statisticator ne peut pas laisser le JdN
dans l'ignorance. Essayons donc, dans la mesure de nos modestes moyens (un navigateur),
d'évaluer ce cas particulier de tchatche.com.
Tchatche.com annonce en effet 4 848 818
visites au mois de mars 2001 sur cybermétrie.
Nettement plus que le site de TF1, pourtant réputé (attention euphémisme)
"assez fréquenté". Penchons nous donc sur la nature profonde de ce site en
sondant les tenants et aboutissants .
Tchatche.com est comme son nom l'indique un
site très orienté sur la discussion en ligne. Première observation : les sites de chat,
comme les sites boursiers et les messageries en ligne ont un taux de rafraîchissement
très très élevé. Inutile de dire que les compteurs de visites divers et variés
adorent ça... Mais ceci n'explique pas tout.
L'éditeur de ce site est la société
toulousaine 123 Multimedia dont le conseil d'administration rapporté par le site societe.com
est composé de : ABADIE Patrick, MALATERRE Marie-Line, ALBP SC représenté
par ABADIE Patrick, ABADIE Brigitte et ABADIE Zohra. Ca sent la bonne entreprise familiale
:-). Le capital a l'air moins dilué qu'une infusion de suppositoire homéopathique.
Une nouvelle recherche sur societe.com nous apprend aussitôt que Patrick Abadie à
visiblement une passion pour la création d'entreprises (17 ou 18 à la même adresse). Il
est de plus très riche comme le signale (mal) le site web " club des 500 "
("La troisième fortune régionale trouve son éphigie (sic) en la personne de
Patrick ABADIE : 730 millions de francs, grâce à sa chaîne musicale 123Sat et son site
portail http://www.tchatche.com/ (50 millions de pages déjà vues !)".
Le jeune homme a en effet commencé dans ce
que le journal
du net qualifie de "dialogues au téléphone, appelée pudiquement
téléphonie surtaxée". (en français moyen : le téléphone rose). L'humanité en son temps lui tailla d'ailleurs un costard sur
mesure. C'est fou ce que l'on trouve comme infos sur le net en se donnant la peine de
chercher. Mais tout cela nous éloigne des statistiques... quoique.
Premier détail, nous remarquons que
Monsieur Abadie dirige les sociétés amitié, amour, jeux, livre, restaurants,
lovemedoo... Jolis noms pour des sociétés. En tout cas très utile à faire figurer sur
un K bis pour pouvoir déposer jeux.fr, livre.fr, amitie.fr et amour.fr auprès de
l'AFNIC. Et effectivement, www.amitie.fr et www.amour.fr sont aussi des sites de chat de
123multimedia. Cela devient très intéressant. C'est le genre de manuvre qui laisse
deviner une certaine pratique du business sur le net.
Confirmation par netcraft qui donne quelques autres domaines intéressants sur
le même bloc d'adresses (on remarquera le trcs malin zebanque.com). Visiblement
123multimedia se passionne pour les noms de domaines. Il en a déposé directement ou
indirectement une tétrachiée (quelques centaines) des plus softs (devenir-riche.com, il
sait de quoi il parle :-) au plus... explicites (bitocul.com, sodomie.net, il aime
les synonymes). Il aurait une tendance compulsive au cybersquatting que ça m'étonnerait
pas. Passons à notre préoccupation du jour.
Si vous alliez chatter sur certains de ces
sites (amitie.fr, amour.fr, 123algerie.com, 123love.com, teenageline.com, 123maroc.com,
bisoo.com, clubado.com, cyberamour.com, drague.net, j'en passe et des meilleurs...) que
pourriez vous trouver dans le source html, dans une petite frame discrète, dans le
fichier " black.html "... allez ... devinez.... hummmm? Et oui, le tag de
comptage cybermétrie de tchatche.com : <IMG
SRC="http://stat.cybermonitor.com/tchatche_v?total" WIDTH=1 HEIGHT=1
BORDER=0>. Les petits coquins ! Et pourtant chez cybermétrie,
la ligne indiquant les sites comptabilisés pour ce domaine est sans équivoque :
Tchatche.com : tchatche.com. Un
seul site, Madame.
Techniquement c'est très simple : ils
utilisent un script qui permet d'habiller la salle de discussion en fonction du site à
partir duquel elle est appelée (il le passe dans le paramètre referrer). Comme il masque
le champ contenant l'url, le visiteur ignore qu'il a changé de site. Pourtant, il est
chez Tchatche.com. Et ainsi une foultitude de sites différents envoient des visites pour
Tchatche.com vers les compteurs de Cybermétrie. Combien y-en-a-t-il ? Mystère mais
beaucoup. Certains sont hébergés directement par 123multimedia mais celui-ci
distribue sa solution à d'autres sites. Combien de sites différents sont-ils sollicités
pour dépasser tf1.fr en fréquentation? Cybermétrie devrait poser directement la
question à Tchatche.com. Ceci dit, tous ces utilisateurs, à travers cette fenêtre,
arrivent bien sur le site tchatche.com. Les chatteurs et chatteuses l'ignorent mais ils se
connectent bien à un serveur du domaine tchatche.com. Faut-il les comptabiliser comme visiteurs
de tchatche pour cela ? C'est une bonne question. Cybermétrie devrait pouvoir répondre.
Ils ne sont d'ailleurs pas les seuls à utiliser cette technique. Allez donc écouter de
la "radio en ligne" sur le site de la FNAC.
Choisissez n'importe quel style de musique et... une magnifique fenêtre s'ouvre. Un clic
droit et une visualisation du source vous montreront sur quel site cybermétrie vous
comptabilise comme visiteur :-) (petit truc : rechercher cybermonitor dans le
source).
Face à des statistiques surprenantes, il
nous a fallu 2 minutes, montre en main, pour découvrir le pourquoi du comment. Aux
dernières nouvelles, il y aurait des contrôleurs chez cybermétrie. S'ils ne se sont pas
aperçu de ces téléportations invisibles, il serait temps de songer à leur acheter des
ordinateurs. Mais après tout, nous ignorons si ces pratiques sont admises et connues par
cybermétrie et tous ses clients. C'était juste pour répondre aux interrogations
métaphysiques du Journal du Net. C'est fait.
Statisticator.
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