LES SOLDATS DE PLOMB VIRTUELS

 

PARIS, 11 NOVEMBRE 1999

 

Subject: What do YOU think you know?
Date: Wed, 10 Nov 1999 11:58:04 +0100
From: Bill Clinton bclinton@whitehouse.gov
To: pmartinie@lafinance.fr

Bonjour et merci de me lire

Mon français n’est pas excellent, mais je vous dois de m’exprimer dans votre langue. Dans ce message vous allez trouver quelques questions qui, je l’espère ne manqueront pas de vous intéresser.

Vous travaillez dans un quotidien financier. Avez-vous déjà jeté un œil sur FirstCorp ?

Cette entreprise spécialisée dans l’information financière représentait il y a seulement quelques années 5 millions de dollars de chiffre d’affaires. Aujourd’hui, le CA de FirstCorp atteint près d’un milliard de dollars. Ceci repose principalement sur une croissance externe. Quels sont ses domaines d’activité ? Pourquoi ? Qui a pris le risque de financer cette croissance externe ? Quels rapports entretient FirstCorp avec l’administration américaine ? Quelle est l’étendue des bases de données financières que contrôle FirstCorp ? Quel pouvoir cela lui confère-t-il ?

Je ne doute pas qu’en bon journaliste, vous allez trouver des réponses à ces questions.

Je serai de retour dans quelques temps pour relever la copie...

...Bill...

 

Comme un véritable rituel, depuis maintenant près de six ans, la journée de Pierre Martinie débutait par la mise en route de son ordinateur, puis, par le lancement de Netscape 4.7 pour la lecture du courrier électronique. Ce jeudi 11 novembre, alors qu’il découvrait son courrier du week-end, il sourit vaguement en apercevant le nom du président des Etats-Unis comme signataire d’un e-mail lui étant adressé. Ce n’était pas la première fois qu’un petit plaisantin lui faisait parvenir un message au contenu douteux, signé d’un nom connu ou loufoque. Il conservait soigneusement tous ces documents et pensait pouvoir - un jour - éditer un recueil de " perles ". Journaliste financier depuis dix ans, Pierre Martinie était sans aucun doute un bon professionnel, mais sa carrière n’avait rien d’exceptionnel. Tout au moins dans le sens classique du terme. Il restait un journaliste de base et n’aspirait d’ailleurs pas forcément à un poste de rédacteur en chef ou de directeur d’une rédaction. Il laissait cela aux autres. Ceux qui étaient faits pour passer du temps à la table des décideurs, pour boire leur vin et manger les plats sophistiqués qui amenaient, croyaient certains journalistes, les confidences, celles-ci se transformant ensuite miraculeusement en scoops. " Il n’y a que les journalistes pour croire que les scoops sont des informations hors du commun ", se disait souvent Pierre.

Mais ce message du président américain " en personne " l’intrigua.

Il lança l’impression du mail et se promit de vérifier très rapidement ce qu’était FirstCorp. Aujourd’hui, il était de permanence... Sa journée allait s’achever au delà de 10 heures du soir et il préférait remettre cette recherche à plus tard.

 

AMSTERDAM, SIEGE DE LA SOCIETE VELDE B.V.., LE 11 NOVEMBRE 1999

 

Hendrick Avercamp, président de la Velde B.V. rentrait tranquillement à son bureau après un déjeuner bien arrosé. Sa BMW glissait sans bruit au côté des tramways. Comme dans la plupart des villes nordiques, la circulation était relativement fluide, la population préférant le vélo et les infrastructures étant adaptées aux deux-roues, ce que les autres pays, plus au sud, n’avaient jamais réussi à faire. Hendrick, qui voyageait beaucoup, s’était toujours étonné du fait que des pays pourtant développés comme le sien soient incapables de réfléchir un tant soit peu pour mettre en place les infrastructures de ce type. Les ingénieurs, les ministres de ces pays étaient-ils si stupides ?

C’est pourtant d’une simplicité désarmante, pensa-t-il en lui-même.

 

La devanture d’un magasin d’informatique le ramena à ses préoccupations du jour.

Il avait déjeuné dans un restaurant de qualité moyenne, discret et dont les tables étaient suffisamment espacées entre elles pour que les clients puissent avoir une conversation en toute intimité. Son invité, Jack - c’est du moins comme cela qu’il se faisait appeler - semblait avoir acheté son costume croisé dans les années 70. Les pattes d’éléphant de son pantalon et le col pelle à tarte de sa chemise dénotait quelque peu. Il est vrai que Hendrick, pour sa part, dépensait beaucoup d’argent pour rester au goût du jour. Tous ses costumes étaient faits sur mesure et il n’achetait qu’une seule marque de chemises. Chacune lui était facturée 950 francs par une charmante vendeuse. Pulpeuse, aguichante, mais " maquillée comme une voiture volée ", estimait-il.

Hendrick pensait que Jack était ukrainien. L’accent... Ou la capacité de boire autant d’alcool sans perdre un instant ses capacités de joueur d’échecs. Dans ce cas précis, il s’agissait plutôt d’un jeu de GO, mais Hendrick n’en savait rien. Brillant homme d’affaires plusieurs fois mis à terre par les aléas des marchés financiers, il avait bien failli ne plus jamais se relever. Ses " ardoises " auprès des banques représentaient 500 millions de florins. Lui le savait. Pas ses banquiers. Hendrick avait en effet surfé sur la vague de la " dématérialisation ". Ses différents banquiers avaient des sièges sociaux dans plus de vingt pays, il achetait et vendait sur une trentaine de marchés financiers différents. Bref, si chaque banquier connaissait une partie de l’addition, aucun n’avait une vision précise de l’ensemble. Enfin... Cette époque " financière " amusante était révolue. Ruiné après avoir pris des positions trop risquées sur les marchés de taux, il avait été contacté environ deux ans auparavant par Jack. Ce dernier lui avait énuméré par le menu l’ensemble de ses dettes, citant chaque banque, chaque numéro de compte, chaque ligne d’actions, d’obligations, de futures. Il savait tout. Tout sauf le nom de la banque à Jersey et le numéro du compte que Hendrick y avait ouvert un an plus tôt pour y rapatrier 1 million de florins. La poire pour la soif.

Jack lui avait proposé de monter une entreprise de services, la Velde B.V.. Il deviendrait un gentil fournisseur d’accès à Internet, - un secteur tout neuf - vendrait quelques solutions de sécurisation pour les transferts de données, monterait quelques Intranets dans les entreprises et se tiendrait tranquille. Très, très, très tranquille. Plus une seule interview dans la presse financière, plus de sorties dans les boites de nuits à la mode, plus d’investissements aussi risqués que médiatisés. En échange, Jack - et les investisseurs qu’il disait représenter - financeraient la Velde B.V. quoi qu’il arrive et effaceraient l’ardoise de 500 millions.

Hendrick, qui était loin d’être un imbécile, se doutait bien à l’époque que Jack et ses " investisseurs " ne montaient pas une entreprise de ce type simplement pour l’aider à se remettre à flots.

Mais il n’avait pas eu le choix. Il préférait les bons hôtels aux prisons.

 

SIEGE DE LA NATIONAL SECURITY AGENCY (N.S.A.), 11 NOVEMBRE 1996

 

La N.S.A., créée en 1952 par le président Truman, fait partie de ce que les Américains appellent la " communauté du renseignement ". En d’autres termes, l’ensemble des agences gouvernementales, des ministères et des " entreprises " qui - de près ou de loin - ont quelque chose à voir avec l’espionnage. Etant entendu que l’espionnage peut également consister à défendre les informations dont dispose un pays. On parle alors de " contre-espionnage ". Les mots n’ont que le sens que l’on veut bien leur donner... Ce 11 novembre, Michael Collin, une espèce de jeune prodige de l’informatique comme les imaginent les romanciers ou les cinéastes depuis les années 80, rentrait juste de mission. Pour Michael, une mission consistait tout simplement à entrer dans un " domaine " du réseau Internet et à vérifier le contenu des ordinateurs, tout cela, sans être détecté. Entrer était assez simple. Ne pas être repéré était déjà plus difficile. Mais ce que cet ancien " hacker " en herbe détestait le plus dans ce métier offert par un de ses anciens " visités " était sans aucun doute la période qui suivait ses " pénétrations ". Il lui fallait rédiger un rapport sur ce qu’il avait vu. Décrire l’architecture des différents serveurs (Internet, Intranet, ou " classiques "). La plupart du temps, ces dizaines de pages dactylographiées n’avaient aucun intérêt. Il le savait bien. Architecture classique, rien de caché, pas de données sensibles ou intéressantes. La seule chose qui pouvait avoir un intérêt était le fait qu’il avait réussi à pénétrer le système de l’entreprise cible. Tout au moins pour cette dernière. Or, même s’il s’agissait d’une société américaine, la N.S.A. ne prenait pas toujours la peine de la prévenir du trou de sécurité. Encore moins s’il s’agissait d’une entreprise étrangère.

Au cours des dernières heures, Michael était entré dans le domaine de la Saadaf. Cette société avait eu ses heure de gloire dans les années 80 en proposant à ses clients des données financières sur les entreprises. En ce temps-là, lorsque les chevaliers blancs se payaient de pleines pages de publicité institutionnelle dans les journaux financiers pour expliquer leur démarche, l’information financière structurée et pertinente valait de l’or. Mais les bases de données de la Saadaf avaient vieilli et ne présentaient plus le même intérêt pour les investisseurs, les analystes ou les entreprises. Depuis un an, la Saadaf était la propriété de la FirstCorp. Ce que peu de monde savait. D’ailleurs, ceux qui le savaient s’en moquaient éperdument.

Michael avait découvert - vérifié serait un mot plus juste - que les informations sur les entreprises étaient structurées en deux parties. L’une destinée à la commercialisation, l’autre étant réservée pour d’autres usages. En clair, la Saadaf vendait à ses clients 45% des informations dont elle disposait sur une entreprise.

Michael lança son traitement de texte, ajusta ses lunettes sur son nez, laissa échapper un soupir et se lança dans la rédaction de son compte rendu.

 

USA, SIEGE DE L’INFOSEC, 11 NOVEMBRE

 

Un voice-mail prioritaire se présenta à 10 : 00 PM sur l’écran de John Sterling, le patron de l’Information Systems Security (INFOSEC). L’un des membres de cette agence gouvernementale transversale chargée de la protection de toutes les informations sensibles stockées sur des ordinateurs ou circulant sur des réseaux appartenant au gouvernement (même les fax ou les lignes de téléphone) venait de surprendre un pirate informatique dans le serveur de la comptabilité de la FirstCorp. Quelques secondes avaient suffi pour que dix personnes soient sur les traces de l’intrus au cœur du système informatique de la FirstCorp. Un écran géant laissait défiler des informations que John Sterling suivait avec attention. L’intrus n’avait sans doute pas eu le temps de faire de mal, il fuyait. Les hommes de Sterling remplissaient leur mission. Toutefois, l’identification et la localisation de l’intrus semblait plus difficile qu’à l’accoutumée.

- Ce petit merdeux me semble assez coriace, vous le voyez sur quel continent? Merde ! ces chiffres vont bien trop vite ! Comment peut-il... On atteint les douze domaines. Il a des moyens. 

- Ecoutez John, ce n’est pas un gamin isolé. Son domaine est sans doute situé en Europe... En Europe du nord ! On le tient ! Plus que quelques secondes et on le tient ! lança calmement Nicholas Goldwater, l’adjoint de Sterling dans l’interphone.

L’adjoint de Sterling avait été recruté dix ans plus tôt au sein même de son université. C’était le prof qui supervisait sa thèse qui lui avait proposé une carrière brillante et très bien rémunérée au service du gouvernement. Il n’avait jamais regretté son choix.

A cet instant, le signal laissé par le pirate s’évanouit.

Deux "merde !" tonitruants se firent écho dans les interphones. John et son adjoint savaient ce que voulaient dire les informations qu’ils lisaient sur les écrans.

Sur un réseau supportant l’Internet Protocol (IP), chaque machine est identifiée par un numéro. Ces chiffres permettent de remonter à la source et de savoir qui est qui. Or, l’intrus de ce soir avait préparé son approche en se servant de plusieurs ordinateurs pour maquiller son adresse réelle. Les experts de l’Infosec avaient réussi à remonter cette filière, mais pas suffisamment. Pour être plus précis, le visiteur avait pris le contrôle d’une première machine qui elle-même avait pris le contrôle d’une deuxième et ainsi de suite. Dans sa fuite, le hacker avait rendu leur liberté aux machines. Jusque là, tout allait bien pour les limiers de l’Infosec qui le suivaient. Mais il avait sans doute prévu ce genre de situation et avait piégé l’un des ordinateurs pour pouvoir le détruire en cas de gros pépin. Ce qu’il avait fait. Le fil était donc définitivement coupé…

Quoi qu’il en soit, M. le pirate n’avait pas réussi à modifier les données de la comptabilité de la FirstCorp, il ne semblait pas non plus avoir laissé de cheval de Troie, ou de bombe logique. Rien, apparemment, qui puisse détruire le réseau informatique de la FirstCorp.

 

PARIS, REDACTION DE "LA FINANCE", 12 NOVEMBRE

 

Subject: What do YOU think you know?
Date: Thu, 12 Nov 1999 12:40:04 +0100
From: Bill Clinton bclinton@whitehouse.gov
To: pmartinie@lafinance.fr

Bonjour et merci de me lire

Hier, à 10 : 00 PM heure de Washington, un pirate a réussi à pénétrer dans le système informatique de la FirstCorp. Mis en fuite par les hommes de l’Infosec, il n’a -semble-t-il- rien endommagé. Mais qui sait ? Il serait temps que vous regardiez de plus près cette entreprise.

Bonne journée

Bill.

- Mais qu’est-ce que c’est que cette histoire ?

Pierre était fatigué. Il avait mal et peu dormi. Comme souvent. Ce deuxième message de Bill acheva de l’intriguer. Il se rendit dans la salle qui abritait les sources d’information. On y trouvait Reuters, AP Dow Jones, Bloomberg, Fininfo et bien d’autres écrans. Il jeta son dévolu sur Bloomberg.

"Equity TK FirstCorp"

Son doigt appuya sur la touche, verte, "Go"

Pierre traduisait mentalement au fur et à mesure qu’il lisait. Les chiffres annoncés par Bill Clinton étaient justes.

En quelques minutes, il avait imprimé une trentaine de pages. La dernière de la série était un communiqué de presse portant sur le rachat de la Saadaf par la FirstCorp. "Cher !", murmura Pierre. Tout en parcourant les impressions qu’il venait de faire, Pierre marchait d’un pas rapide vers la salle de rédaction. Il se posa devant le rédacteur en chef :

- Rejoins-moi avec Jean dans la salle de conférence, j’ai un truc intéressant.

Quelques instant plus tard, il voyait entrer les deux hommes dans la salle réservée aux conférences de rédaction.

Le rédacteur en chef le regarda avec un œil inquisiteur tandis que Jean, spécialiste des marchés financiers se demandait clairement ce qu’il faisait là alors qu’il avait un papier de sept feuillets à terminer pour le soir même.

- Tu as le super scoop à nous annoncer pour nous réunir ici aussi vite ou quoi ? demanda le rédac’chef.

- Non, je veux savoir si l’un d’entre vous connaît la FirstCorp. Ce nom vous dit-il quelque chose? 

- Non, répondirent les deux hommes quasiment en même temps.

- Bon, je vais vous énumérer un certain nombre d’entreprises et vous me direz si vous les connaissez, poursuivit Pierre.

Les deux hommes répondirent " oui " après avoir entendu le nom de douze entreprises sur un total de dix-huit.

- Tu peux nous expliquer à quoi on joue ? On fait les cons pour une caméra cachée là ? lança Jean.

- Ecoutez, la FirstCorp est la maison mère de toutes les entreprises que je viens de citer. Comme moi, vous en connaissez une partie car elles sont parmi les plus importantes dans le domaine de l’information financière. Je passe donc pour l’instant là-dessus. Pour les autres, je vais vous les décrire :

La ForceOne est spécialisée dans les programmes informatiques. Elle développe des programmes de réalité virtuelle pour l’entraînement des soldats américains. Cela va des simulateurs de vols aux simulateurs de terrains d’action. Ils sont capables de recréer les conditions de la guerre du Golfe avant même que les GIs ne posent le pied sur le sol d’Arabie Saoudite.

Springfield est quant à elle spécialisée dans l’imagerie satellite pour la météo. Toutes les images satellites que les présentatrices météo utilisent sur 450 chaînes câblées américaines pour annoncer le temps proviennent de Springfield.

AirCare est une société de maintenance qui est régulièrement choisie dans les appels d’offres de l’armée de l’air américaine pour la maintenance de ses avions de chasse.

Bon, je passe sur les autres pour revenir aux sociétés que vous connaissez. Elles sont toutes spécialisées dans la diffusion d’informations financières pour les entreprises ou la presse. La plupart des investissements réalisés par les multinationales se font sur la base - ou tout au moins après consultation - des dossiers préparés par ces sociétés. Les sociétés de bourses, les analystes financiers se reposent sur des chiffres qui sont stockés dans les bases de données de ces sociétés, toutes détenues par une même entreprise : la FirstCorp. Vous me suivez ? interrogea Pierre. Il n’était pas tout à fait sur, vu les regards des deux hommes qui lui faisaient face, que tout soit limpide.

Un silence traversa la salle de conférences généralement plus animée lorsqu’il s’agissait de construire le journal du lendemain avec la moitié de la rédaction.

- Si je te suis bien Pierre, tu es en train de nous décrire une espèce de multinationale des données financière qui aurait des activités, au travers de filiales, dont on peut se demander si elles ont un véritable rapport avec la finance. On peut même imaginer que, si des filiales de la FirstCorp emportent des contrats importants auprès du gouvernement américain et ce, dans des domaines sensibles, ses dirigeants ont sans doute des rapports très étroits avec la communauté du renseignement américain. De là, je peux spéculer sur la fiabilité des informations financières délivrées par les filiales de la FirstCorp selon l’interlocuteur qu’elles ont... C’est cela que tu veux nous faire dire Pierre ? interrogea le rédacteur en chef.

- En gros, oui, répondit-il. Je dois même dire que j’ai des doutes sur les fonds qui ont permis à la FirstCorp de financer sa croissance externe.

Jean, qui avait toujours son article à finir, se lança :

- Bon... et alors, que fait on après ce brillant exposé ?

- Ben, je ne sais pas, mais moi, il me semble que face à une société-mère qui fait dans l’imagerie satellite - la météo c’est aussi très important sur un champ de bataille et quand on sait faire des images météo, on sait aussi prendre des photos des ennemis -, dans la maintenance d’avions de chasse, dans la réalité virtuelle pour l’armée et dans l’information financière, on peut se demander ce que cela veut dire et quels dangers cela peut représenter.

- O.K. Pierre, tu vas lâcher tous tes sujets. Tu les files à... Non, laisse je m’en occupe et tu te concentres là-dessus. Tu as un mois pour trouver ce que cela cache. Je te donne carte blanche et si as besoin de voyager, tu m’en parles, on essaiera de débloquer des fonds. Allez, tous au boulot, conclut le rédacteur en chef.

Pierre faillit parler des e-mails de Bill Clinton mais se reprit.

 

AMSTERDAM, SIEGE DE LA SOCIETE VELDE B.V., LE 13 NOVEMBRE 1999

 

Le téléphone portable de Hendrick Avercamp retentit. Il avait mal dormi après une soirée très arrosée et le son métallique de la sonnerie produisit le même effet dans sa tête que lorsque l’on se cogne le crâne à une porte de placard laissée ouverte en se relevant. Il décrocha en appuyant fébrilement sur le bouton idoine.

- Ici Jack. Il fait sombre sur Stockholm aujourd’hui. quel temps fait-il chez vous ?

- Beau...

- On se voit dans trois jours au même restaurant ?

- Avec plaisir !

Hendrick raccrocha pour prendre une ligne sur son combiné classique.

- Ilke, pouvez-vous me passer Jim ?

- Tout de suite monsieur, répondit la secrétaire.

- Jim

- Bonjour Jim, vous pouvez lancer l’opération dont nous avions parlé. Au passage, bravo pour l’autre jour.

- Bien monsieur, merci.

Deux heures plus tard, on pouvait lire dans les colonnes de @news.com, un journal virtuel très connu sur Internet que la récente fusion entre deux très grosses entreprises informatiques spécialisées dans les serveurs s’expliquerait en fait par un accord secret pour éviter de rendre public des problèmes graves dans le fonctionnements de leurs produits.

Le cours de ces deux sociétés sur le Nasdaq baissait de 20% en séance.

 

USA, SIEGE DE L’INFOSEC, 13 NOVEMBRE

 

- John, l’intrusion de l’autre soir était assez intéressante. Il s’agit, comme nous le pensions d’une personne disposant de moyens importants. Elle a joué finement. Au lieu de s’attaquer de façon frontale à l’une des machines de la FirstCorp, elle a pris le contrôle de plus d’une dizaine d’ordinateurs pour, enfin, depuis une machine plus ou moins amie de l’une de celles de la FirstCorp, s’introduire dans le réseau. L’intrus savait qu’il risquait d’être découvert et je pense qu’il était même sans doute au courant qu’il s’agit d’un domaine que nous surveillons. Ce qui amènera une question ultérieure. Ce pirate savait qu’il ne devait à aucun prix être repéré. C’est sans doute pourquoi il avait piégé l’un des ordinateurs. C’est là que l’on perd sa trace. En Islande. La machine était située sur le domaine d’une université. Vu le parcours de ses prises de possession des ordinateurs pour arriver jusqu’à la FirstCorp, on peut imaginer qu’il venait d’Europe du Nord. Enfin, ça, on le savait. Maintenant John, j’aimerai que vous m’expliquiez pourquoi un de nos hommes était affecté à la surveillance des réseaux d’une entreprise privée…

Nicholas ne savait pas si son supérieur - avec qui il travaillait pourtant depuis des années - allait lui répondre. Il avait appris au fil de sa carrière que certaines questions restaient sans réponses. Parfois même, il valait mieux ne pas les poser. Cela évitait un regard sombre et une réponse complètement évasive mais lourde de sens.

- Ecoutez Nicholas, je me doutais que vous alliez poser cette question. Pour faire simple, la FirstCorp est une entreprise amie qui nous rend de nombreux services. Puisque vous posez la question, j’imagine que vous avez pris le temps de vous pencher sur les activités de cette société et que vous la connaissez désormais très bien... Je n’ai jamais sous-estimé vos capacités.

Bon, prenons un exemple. Lorsque Saddam Hussein décide d’envahir le Koweït, il a besoin d’une série d’informations que ses services de renseignement ne peuvent pas lui fournir. Il sait que ses hommes de l’ombre sont arabes et qu’ils ne pensent pas forcément comme des occidentaux. Il demande donc à une entreprise-écran basée à Londres de commander quelques études sur ce pays. Production de pétrole, risques pour la production mondiale en cas de conflit, d’attentats, de rupture d’oléoducs, etc. A ce moment précis, E&F-Analysis à qui ont été commandées ces études et qui appartient au groupe FirstCorp se met en relation avec nous. Nous pouvons ensuite désinformer tranquillement le méchant Saddam. Ceci a permis de mesurer à l’avance la détermination de nos alliés européens et russes, d’envoyer Saddam - tranquillisé - au casse-pipe et de tenter - même si, je vous le concède, cela a raté - de mettre un terme à sa dictature.

Reprenons. La FirstCorp détient au travers de différentes filiales la base de données financière la plus importante de la planète. Même les marchés financiers ou les différents gendarmes mondiaux des marchés financiers comme la Securities and Exchange Commission (S.E.C.) ne peuvent rivaliser. Vous imaginez sans problème les risques financiers - pour ne pas dire systémiques - que représenteraient une altération de la base. La désinformation engendrée risquerait rapidement de faire plonger toutes les Bourses mondiales. Les unes entraînant les autres, les analystes produisant des études complètement faussées... Bref, le cauchemar. Voilà pourquoi nous surveillons ses réseaux informatiques. Et puis, la FirstCorp... Comment vous dire...? Cette entreprise n’en serait pas là où elle en est sans un appui financier de l’Etat. Voilà tout ce que je peux vous dire. Satisfait ?

Nicholas ne pouvait imaginer une réponse aussi complète. Il était très satisfait. Tout au moins de la réponse. Quant au fond, il ne savait pas encore ce qu’il devait en penser.

- Oui John. Merci pour votre confiance. A propos, dans le genre désinformation, on vient de me parler dans les couloirs d’une chute de 20% des titres de deux sociétés informatiques cotées au Nasdaq sur la base de rumeurs complètement foireuses. Mais la base de l’histoire était très bien construite. Du travail de pro. Il faudrait peut-être envoyer un message à nos petits camarades de la C.I.A.. Enfin, j’imagine qu’ils sont au courant.

- Faites-le quand même. Merci Nicholas.

 

PARIS, CAFE DE LA PAIX, 13 NOVEMBRE

 

- Bonjour, merci d’avoir répondu si vite à mon appel, lança Pierre à deux hommes assis à une table devant lui.

Il posa sa sacoche à côté de lui et accrocha son blouson au dossier de la chaise. Il se dit une fois encore en voyant son blouson glisser vers le sol que les fabricants de mobilier pour restaurants et cafés devaient soit être idiots, soit le faire exprès. Pierre en bon journaliste qui se respecte était un adepte des bons petits restaurants et Paris était une vraie mine pour ce type de sorties. Mais il avait remarqué un détail qui l’énervait au plus haut point : la plupart des chaises dans les restaurants avaient un dossier bombé, ce qui empêchait de poser un blouson ou un manteau. Il s’était souvent demandé pourquoi les propriétaires de restaurant achetaient ce type de chaises. Le salut des deux hommes le tirèrent de ses réflexions.

- Bonjour Pierre, voici Gérard da Silva, le spécialiste de l’intelligence économique et des Etats-Unis.

- Bonjour Dominique. Bonjour M. da Silva.

- Pierre, je vais faire les présentations rapidement. Pierre est journaliste à La finance. Il a longtemps couvert les pays de l’Est. C’est comme cela que nous nous sommes rencontrés. Il m’a appelé, comme je te l’ai dit, Gérard, pour que nous organisions une rencontre sur l’intelligence économique en provenance des Etats-Unis. Gérard s’occupe justement de ce thème chez nous. Maintenant, dites-nous ce qui vous amène Pierre.

Le garçon arriva à cet instant pour prendre la commande et les trois hommes observèrent immédiatement un silence total. Comme s’ils étaient en train d’évoquer des secrets d’Etat. Pierre se dit qu’ils étaient assez ridicules.

Le garçon nota consciencieusement la commande.

Pendant ce temps de silence imposé, Pierre se remémorait sa rencontre avec Dominique.

Alors qu’il revenait d’un voyage de vingt-quatre heures en Russie avec le Premier ministre français, un coup de téléphone à son bureau l’avait sorti de son papier. L’homme s’était présenté sous le nom (le vrai d’ailleurs) de Dominique Leroux, responsable des pays de l’Est à la Direction de la Surveillance du Territoire (D.S.T.). Il téléphonait pour confirmer que Pierre rencontrait ou appelait régulièrement un certain Mikhail D. de l’ambassade de Russie à Paris. Il expliqua à Pierre que cet homme était sans doute l’un des agents du S.V.R. le plus actif à Paris. Dominique pris le temps d’expliquer que désormais, la DST avait dans ces cas là une démarche transparente et qu’il préférait prévenir le journaliste. Pierre coupa court à la conversation et lui proposa un rendez-vous, tout en lui indiquant qu’il ferait bien de se munir de sa carte de police. Depuis ce premier rendez-vous, Dominique et Pierre s’étaient fréquemment rencontrés, jusqu’au jour ou l’agent russe était passé à l’action. Il avait demandé à Pierre d’écrire un papier pour un journal inter-ambassades russe sur les risques de la guerre en Tchétchénie pour le gouvernement russe. L’idée était de savoir comment réagiraient les capitales occidentales. Pierre s’était exécuté sur les conseils de Dominique et ils avaient pu vérifier tous les deux que le Russe était assez mauvais agent. Celui-ci avait terriblement pâli lorsqu’il avait remis 300 francs à Pierre en paiement de son article. De plus, il avait sans aucun doute conservé 200 francs sur les 500 qu’avait dû lui donner son responsable... A la suite de ce "travail ", Pierre avait volontairement cessé de rencontrer Mikhail et Dominique.

Pierre vit le garçon remercier les trois hommes. Il reprit le cours de la conversation.

- Bien, je voudrais savoir quel est votre degré de connaissance sur une holding américaine ainsi que sur les réseaux informatiques et notamment Internet. La société s’appelle FirstCorp.

Les deux hommes de la DST se regardèrent un instant avant que le discours D.S.T. "pure soupe" se déclenche.

Gérard da Silva ouvrit le bal.

- FirstCorp ? Non, cela ne me dit rien. Pourquoi ?

Pierre rendit compte de sa petite découverte tout en se disant que les deux hommes voulaient d’abord entendre ce qu’il savait avant de dire quoi que ce soit. Classique.

Pris dans son histoire, Pierre testa les deux agents sur leurs connaissances du réseau des réseaux. Basique. Ils se servaient de temps en temps d’Internet pour trouver de la documentation. Pierre sourit intérieurement en imaginant Dominique en train de chercher des informations sur la Russie sur le site Internet de la C.I.A.. " Mon Dieu ", se dit-il après avoir réalisé la portée de ce qui le faisait rire.

Une longue conversation sur les possibilités d’Internet et de l’importance des bases de données financières dans un monde où la finance est " dématérialisée " s’ensuivit.

Pierre sortit du Café de la Paix en se disant que, soit les deux hommes simulaient très bien l’ignorance, soit ils étaient complètement dépassés. Aucune des deux alternatives ne le satisfaisait.

- On se rappelle dans un ou deux jours, le temps que l’on se rencarde sur FirstCorp, lança Dominique en guise de salut.

- Au revoir Monsieur Martinie et merci pour ces informations, conclut da Silva.

 

PARIS, LA FINANCE, LE 14 NOVEMBRE.

 

Pierre regardait distraitement la "Une" de @news.com tout en repensant à sa rencontre de la veille au Café de la Paix. Son œil glissa sans s’arrêter sur un titre : " Une fausse rumeur fait plonger deux sociétés informatiques de 20 % ".

S’il avait lu l’article, Pierre aurait pu apprendre que, comme la plupart de leurs confrères, les journalistes de @news.com s’étaient laissé prendre par une rumeur fort bien montée. Ils avaient récupéré dans un newsgroup puis sur des serveurs Web un document sans doute écrit par des ingénieurs expliquant comment deux serveurs de deux entreprises qui venaient de fusionner avaient des défauts majeurs de fabrication. Le document en question semblait tellement véridique qu’ils avaient plongé et écrit un article sur ce sujet. Heureusement, et ils le précisaient dans ce deuxième article sur le sujet, ils avaient utilisé le conditionnel... Quoi qu’il en soit ils avaient ainsi contribué à propager une rumeur qui avait fait plonger de 20% les titres de ces deux entreprises. Décidément, avec Internet, tout va plus vite que plus vite et tout le monde est au courant avant tout le monde.

 

AU MEME MOMENT QUELQUE PART EN EUROPE DE L’EST, LE 14 NOVEMBRE

 

Jack entra dans le bureau de celui qui semblait être son supérieur. Ou son associé...

 

- Nous avons réussi ce premier coup. Les titres ont chuté de 20%. Pour être précis, nous avons acheté avant-hier à 14 dollars au creux de la vague et nous disposons aujourd’hui de 20.000 titres qui valent 35 dollars, soit une plus-value de 420.000 dollars. Il semble bien que la S.E.C. n’ait rien vu, le volume étant trop faible. Comme prévu, on a bénéficié de la courte vue des analystes du secteur. Deux d’entre eux ont revu leurs recommandations de Buy à Hold. De plus, nous avons utilisé plusieurs comptes pour acquérir ces 20.000 titres. Bref, nos ordres d’achat sont invisibles. La prochaine opération devrait être bien plus rentable. La visite au sein du réseau de la FirstCorp a fonctionné.

- Bien. Continuez et passez aussi vite que possible à la suite du programme.

- Ces années et ces sommes engagées vont enfin trouver tout leur sens... conclut Jack.

 

SIEGE DE LA N.S.A., LE 14 NOVEMBRE

 

- Bonjour Michael, vous vous améliorez en orthographe. Pas mal votre rapport sur la Saadaf. On a un petit doute sur un truc et on aurait besoin de votre aide. Nous souhaiterions connaître l’origine d’un message posté dans un newsgroup. Combien de temps cela peut-il prendre ?

- Bof... entre 5 secondes et un mois... répondit Michael.

Son interlocuteur, Kevin Johnson, en charge des délits financiers avait ce ton condescendant que Michael abhorrait. Comment cet ignare, cet handicapé de la souris pouvait-il lui reprocher son orthographe ? Incroyable...

Kevin était un pur produit de l’administration américaine. Issu de Harvard, il aurait sans doute pu faire partie de la cohorte des golden boys des années quatre-vingts. Mais il avait choisi de traquer ceux qui, dans le domaine de la finance, ne respectent pas les règles établies. Michael avait souvent travaillé en binôme avec lui et s’était souvent demandé si ces règles étaient véritablement " respectables ". Comment pouvait-on gagner autant d’argent en passant des ordres de bourses pour le compte de tiers alors que les rues commençaient à déborder de sans-abri ?

" L’argent qui dort… ". Il avait noté quelques années auparavant cette phrase d’un président européen dont il avait oublié le nom. Elle lui avait plu.

Avec l’aide de Kevin, Michael mit quelques minutes à retrouver le message en question dans le newsgroup.

- Il est fort...

- Combien de temps ?

- Il a utilisé un remailer. Mais rien ne dit qu’il n’ait pas utilisé quelques serveurs de mails avant d’arriver au remailer. Je dois vérifier et j’ai besoin d’un papier officiel du F.B.I. ou de la C.I.A. pour le cas où un administrateur de domaine me refuserait les informations sur l’expéditeur. Bref, ça peut prendre quinze jours...

- Merde

- Que cherchez-vous exactement ?

- Un rigolo a posté ce message en y joignant une pièce jointe qui ressemblait en tout point à un rapport interne de deux boites spécialisées dans les serveurs informatiques. Ce rapport était sans doute rédigé par un ingénieur et n’importe qui pouvait se laisser prendre. Il apparaissait à la lecture que les deux boites avaient fusionné pour dissimuler un vice de fabrication grave de leurs serveurs Web. Bref, quelques journaleux se sont fait avoir et ont publié le truc. Bilan, les titres de ces deux sociétés ont perdu près de 20 % en Bourse. Les analystes, toujours aussi cons, ont marché. Ils ont dégradé leurs recommandations. Un vrai petit cercle vicieux. Je me demande encore pourquoi les traders et les analystes sont aussi réactifs dans ce secteur. Les nouvelles technos de l’informations leur font tourner la tête... Pour tout dire, nous nous demandons si des petits malins n’ont pas provoqué cette chute avec une petite désinformation bien menée pour acheter bas et empocher une bonne plus-value. D’autant que l’arnaque a été démontée très rapidement et que le titre est repassé à 34 dollars après un plus bas de 13 1/4.

- Je vois. Bon, je m’y met. Ca peut être long.

Michael ne pouvait s’enlever de la tête l’idée que si des analystes pouvaient être aussi stupides, il n’y avait pas de raison de ne pas en profiter. Sans doute une résurgence de son passé de hacker.

 

PARIS, LA FINANCE, 15 NOVEMBRE

 

Subject: What do YOU think you know?
Date: Mon, 15 Nov 1999 8:15:12 +0100
From: Bill Clinton bclinton@whitehouse.gov
To: pmartinie@lafinance.fr

Bonjour,

Je vois que vous avez trouvé de quoi exciter votre curiosité. On s’agite à la DST. Bravo. Je n’en attendais pas moins de vous. J’imagine que vous ne savez toujours rien sur la petite visite dans les ordinateurs de la FirstCorp. Vous êtes sans doute passé à côté également de la petite désinformation qui a coûté 20% aux titres de deux entreprises fabriquant des serveurs Web. Trouvez donc le lien. Il part d’Amsterdam. Ahhhh, Van Gogh... Sublime. Rien à voir avec notre affaire, mais sublime.

Cette histoire ne fait que débuter, et l’on risque de bien s’amuser. Quelques uns vont pleurer en voyant leurs portefeuilles de valeurs fondre à vue d’œil. vous vous souvenez de 1929 ? Certains hommes d’affaires se jetaient du haut des immeubles de Wall Street...

A bientôt et bon courage.

Bill

- Merde, il me fatigue celui-là, pensa Pierre. On dirait qu’il sait que quelqu’un est en train de disposer ses soldats de plomb (forcément virtuels... Tout est virtuel ou cyber de nos jours) sur un champ de bataille et qu’il veut que cela se sache. Mais pour quoi faire ? Mystère. Réfléchissons... M. X pose ses soldats pour une attaque. Comme tout bon général, il fait une ou deux diversions. Peut-être teste-t-il l’adversaire pour voir quel est le niveau de résistance de ses protections. Il va donc procéder à une attaque très importante en fin de course avec pour but de gagner. Classique. Oui, mais on est dans une guerre un peu particulière. Sans morts.

Enfin...

Donc gagner peut se situer sur un plan purement financier. Il ne s’agit plus de gagner des territoires. Bill parle de la crise de 1929. Si c’est aussi gros, on ne va pas rigoler. Je pressent beaucoup de travail pour Jean... rigola-t-il intérieurement.

- Bon, reprenons. Il serait bon de savoir si l’on a un acteur qui a l’avantage de la surprise ou si l’on a plusieurs généraux qui préparent doucement la bataille et disposent à cet effet leurs armées. Il faudrait également savoir pourquoi Bill m’a lancé sur les traces de la FirstCorp, pourquoi moi, si son objectif est sincère ou s’il tente de me manipuler. Dans ce cas pourquoi faire ? Est-il l’un de ces généraux ? Et puis qui est-il ? Bref, j’ai bien plus de questions que de réponses...


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